Le Président de la République, Issoufou Mahamoudou a procédé, hier mardi, à ce qui a été présenté par la télévision nationale, comme un « remaniement technique du gouvernement».
Le Ministre des enseignements supérieurs Mohamed Ben Omar a été transféré au ministère de l’emploi, et c’est le ministre Yahouza Sadissou Madobi, jusqu’ici titulaire du portefeuille de l’emploi, qui le remplace et sera donc chargé de gérer la crise étudiante.
Le départ de Mohamed Ben Omar du ministère des enseignements supérieurs était l’un des préalables posés par l’Union des Scolaires Nigériens (USN) pour entamer les négociations avec le gouvernement.
Hier, le syndicat estudiantin a également obtenu la libération de certains de ses dirigeants arrêtés, suite aux violentes échauffourées, qui ont suivi l’intervention musclée des forces de l’ordre la semaine dernière sur le campus de l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
L’USN souligne qu’une dernière revendication reste jusqu’ici non satisfaite : il s’agit de la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante.
Selon, Ibrahim Ado Abdouramane, secrétaire chargé aux relations extérieures du CD/USN interrogé par Studio Kalangou: « Cette commission d’enquête indépendante va permettre de situer les responsabilités. C’est un point qui touche la sensibilité de toute la communauté nationale et internationale ; cette revendication doit être satisfaite avant toute sorte de négociation. Quand elle sera satisfaite, l’Union des scolaires nigériens peut envisager de suspendre le mot d’ordre de grève qu’elle a renouvelé après les événements du 10 avril »
L’Ong Amnesty International, dans un communiqué rendu public hier, a elle aussi appelé à la mise sur pied d’une commission d’enquête.
Samira Daoud, responsable adjoint d’ « Amnesty International Afrique de l’Ouest » a expliqué, à Studio Kalangou, l’utilité de cette commission d’enquête : « Il faut que la lumière soit faite dans le dossier de ses personnes, et donc évidement nous demandons que les responsables de ces actes soient identifiés et tenus de rendre des comptes ».
Interrogé, sur le point de savoir si une telle initiative était possible au Niger, Samira Daoud a répondu : « Le juge saisi de cette enquête peut travailler en toute liberté et de manière totalement impartiale, il n’y a pas besoin de demander aux Nations Unies de venir mener une enquête. Si les critères de neutralité et d’impartialité sont réunis, cela peut parfaitement être conduit par les autorités judicaires nigériennes. Par exemple, concernant les violences policières, un des éléments qui ferait qu’on pourrait vraiment parler d’enquête impartiale et indépendante, ce serait qu’il ne s’agisse pas d’une enquête interne menée par la police elle-même, mais d’une enquête diligentée par une autorité judiciaire »