Depuis les premières incursions de la secte Boko Haram, en 2015, sur le territoire nigérien, c’est la région de Diffa qui paie le plus lourd tribut.
Même si les interventions militaires ont fait subir de lourdes pertes au groupe terroriste, celui-ci a désorganisé l’économie de la région, conservant, de fait, son pouvoir de nuisance.
Dans cette région de Diffa, les djihadistes ont infiltré le processus de commercialisation de poissons pêchés dans la Komagougou Yobé et le Lac Tchad. En effet, les camions qui servaient à exporter les poissons vers le Nigéria revenaient vers le Niger avec des cargaisons de vivres et de carburant destinés aux djihadistes. C’est ce qui avait conduit le gouvernement nigérien à interdire cette pêche, une activité pourtant vitale pour des milliers de familles.
Dans le même temps, les attaques de la secte dans la région de Diffa ont obligé les populations à se déplacer. Parmi les déplacés, on compte énormément des producteurs de poivron, une filière estimée à plusieurs milliards de francs CFA. C’est ce que Yahaya Godi, Secrétaire général du Gouvernorat de la Région de Diffa, explique au micro du Studio Kalangou : « […] il y avait un mouvement massif des populations qui ont quitté les zones agricoles pour se retrouver sur des sites qu’ils n’ont pas choisi […] les zones favorables à l’agriculture c’est généralement le bord de la Komadougou Yobé et au niveau du lac Tchad […] ce qui veut dire que la production a baissé, le pâturage également […] ».
Après l’interdiction de la pêche, ce sont les marchés locaux qui ont été visés par des mesures de fermetures. Ces marchés étaient utilisés par la secte Boko Haram pour vendre du bétail volé ou simplement s’approvisionner. Egalement, les djihadistes profitaient du mouvement de foules et des marchandises occasionnées par ces marchés pour passer la frontière nigérienne. C’est pour toutes ces raisons que Yahaya Godi affirme : «[…] nous avons effectivement fermé les marchés de Kejandi, Waragou, dans la commune rurale de Geskerou et de Gagamari. Ils ont été fermés parce que c’étaient des lieux d’approvisionnement de Boko Haram […] tant que les membres de Boko Haram se trouvent dans de bonnes conditions, ils vont continuer à mener des attaques […] ».
En attendant, les dernières statistiques font état de 249 813 personnes victimes de la secte Boko Haram sur le territoire nigérien.