Du 3 au 6 juillet 2018, 42 présumés militants du groupe Boko Haram sont passés à la barre devant le tribunal de Diffa. Après 4 jours d’audience, 17 ont écopé de 2 à 7 ans de prison ferme, 21 lavés de tous soupçons et 4 autres reviendront devant le même tribunal en octobre prochain. Tous étaient poursuivis pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » dont certains capturés lors des affrontements, d’autres pendant les contrôles de police ou par dénonciation.
Aux lendemains du procès dit « justice et réconciliation», certains habitants de Diffa, au micro de studio kalangou, donnent leurs avis sur la réinsertion des personnes relaxées. Pour un premier interviewé, «…la population fait beaucoup de bruits à propos de ces jugements, parce que, dans un premier temps les gens pensent que ce sont tous des criminels qui ont contribué à la destruction de la région en faisant beaucoup de victimes. Aujourd’hui l’Etat les relâche et dire qu’après ce jugement, on dit que la justice n’a pas de preuve ; que ce sont des actes de justice. Au fond, la population a du mal à comprendre».
Un autre habitant de Diffa pense que « C’est une bonne chose. Si certains sont libérés, c’est parce que, quelque part, ils n’ont pas une main mise dans la peur. Dans tous les cas, ceux qui sont fautifs ont été condamnés. Donc il n’y a rien d’insensé pour que la population accepte ceux qui sont libérés. Je pense qu’on ne doit pas faire barrière à l’insertion d’un innocent. Celui qui purge sa peine, je ne vois pas de problème à ce qu’on l’insert ».
Néanmoins, plusieurs personnes recommandent à l’état de prendre des précautions pour faire accepter ces individus dans la communauté. A noter que le précédant procès des présumés membres du groupe Boko Haram s’est tenu à Niamey en mars avec des personnes relaxées et d’autres condamnées à passer 3 à 9 années derrière les barreaux.
La délocalisation des procès à Diffa, vise à permettre aux habitants de cette localité, très affectée par le conflit, de suivre le déroulement des jugements afin de mieux comprendre l’implication ou non des prévenus appelés à la barre. Un facteur déterminant pour une éventuelle réconciliation et réinsertion dans la société devenue très méfiante.