Le jour de la fête de Tabaski, pendant que certains s’improvisent bouchers ou rôtisseurs, d’autres parcourent la ville de Niamey avec pour seul agenda : la collecte de peau des moutons sacrifiés. Généralement sur deux roues, ils ratissent la ville pour se procurer cette peau réservée à la clientèle, principalement du Nigéria voisin, gros demandeur.
La Tabaski, est la période la plus faste pour collecter ces peaux de mouton. Cependant, Ali Kili, maroquinier au village artisanal de Niamey souligne que « […] ceux qui ont l’amour du métier font ça tous les jours […] ». Le cuir étant un produit apprécié, les peaux ne finissent presque jamais dans les décharges et ont donc une deuxième vie grâce au travail des tanneurs et maroquiniers.
En quête d’investissements privés locaux et surtout de formalisation par l’Etat, le marché des cuirs et peaux du Niger reste pour le moment largement aiguillé par les acheteurs nigérians comme le rappelle Aminou Habou, secrétaire général de la tannerie de Gamkalley : « […] tant que le Nigéria n’a pas besoin de cette peau-là, vous allez là trouver partout dans les rues ou bien dans des poubelles […] le principale marché d’exportation pour nous reste le Nigéria […]».
Aussi, la récession qu’a connue le Nigéria en 2016 de même que les fluctuations fréquentes qu’enregistre le naira (monnaie nigériane), déterminent pour l’essentiel le comportement du marché des cuirs et peaux du Niger. Pour Aminou Habou, « […] la chute ou la hausse du naira, c’est ce qui fait que la peau a de la valeur ou pas […] notre seul client au niveau de la peau brute c’est le Nigéria […] ».
Pourtant, les métiers de la famille des cuirs et peaux suscitent beaucoup d’engouement, puisque Aminou Habou déclare qu’au niveau de la tannerie de Gamkalley à Niamey, 75% des travailleurs sont des jeunes, parmi lesquelles on dénombre même des filles.