L’avènement des réseaux sociaux est certes une avancée qui permet de briser beaucoup de contraintes, mais cela est aussi source d’inquiétudes, faute de régulation. Aujourd’hui, on s’interroge sur la dangerosité de l’addiction aux réseaux sociaux qui aboutit souvent sur des abus de toutes sortes. C’est notamment l’usage inconséquent de ces plateformes de réseautage social qui a fait l’objet d’une polémique dans le Centre de Soin Intégré (CSI) de Douméga (département de Tibiri) au Niger il y a quelques jours.
Munies de leurs smartphones, des étudiantes en stages, vraisemblablement ignorant certaines règles, postent les images d’un mort-né présentant des malformations qui venait de naître sur la table d’accouchement de leur lieu de stage. En un clin d’œil, la publication fait le tour « du monde » et provoque l’ire de l’autorité administrative de la localité. Le premier responsable du CSI est suspendu de ses fonctions ; le stage des étudiantes interrompu.
Au micro du Studio Kalangou, Dr Ranaou Abaché, secrétaire général du ministère nigérien de la santé publique, explique : « […] c’était une situation très choquante […] devant tout manquement on doit sanctionner, et les sanctions peuvent avoir plusieurs formes, en fonctions de leurs gravités […] c’est à titre pédagogique que ces sanctions ont été prises […] ». Il ajoute plus loin qu’il faut préserver la confiance qui existe entre le patient et le service de santé.
De son côté, Razack Tankari, le chef du CSI limogé, joint au téléphone par Studio Kalangou affirme que la stagiaire ayant pris les photos, à son insu, lui avait indiqué qu’elle allait s’en servir uniquement dans le cadre de ses recherches académiques, car en 5ème année de médecine à l’université de Niamey. Malheureusement, quelques heures plus tard les «[…] images se trouvaient déjà sur les réseaux sociaux […] ». C’est alors que la décision de son licenciement lui est parvenue alors même qu’il n’était nullement responsable du comportement des stagiaires.
Véritable révolution, en moins d’une décennie, le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux a atteint des sommets. En 2018, il est estimé à plus de 3 milliards sur un peu plus de sept milliards d’habitants dans le monde selon le site We Are Social. Un comparatif nous enseigne que depuis le début du XXème siècle, il a fallu 38 ans pour que la radio atteigne 50 millions d’utilisateurs contre 12 mois pour Facebook selon le journal en ligne Le Temps.
Cependant, au-delà des questions spécifiques que soulève une situation donnée, il faut répondre à des interrogations beaucoup plus larges sur ce qu’implique l’usage quotidien des réseaux sociaux. Car une fois qu’une image est publiée, il est quasiment impossible de la retirer définitivement du Web.