Dans un communiqué publié le 14 décembre 2023, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a officiellement reconnu le coup d’État survenu au Niger. Une reconnaissance qui intervient un peu plus de 4 mois après le putsch du 26 juillet contre le gouvernement de Mohamed Bazoum.
Cette décision s’est concrétisée avec l’envoi d’une délégation de la CEDEAO le même jour à Niamey afin de poursuivre le dialogue avec le CNSP.
Communiqué de la CEDEAO sur la République du Niger pic.twitter.com/rrOFSgQFE9
— Ecowas – Cedeao (@ecowas_cedeao) December 14, 2023
Cette démarche de la Cédéao répond aux critiques émises par le CNSP, qui s’est indigné de la participation des membres du gouvernement de Bazoum lors du sommet d’Abuja du dimanche 10 décembre 2023. Le CNSP considérait cela comme une provocation nuisant aux efforts de recherche d’une solution diplomatique et négociée à la crise politique actuelle.
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— Alliance des Etats du Sahel (AES) Info (@AESinfos) December 13, 2023
Le CNSP dénonce l'ingérence de la CEDEAO
Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), au nom du gouvernement et du peuple nigérien, a exprimé son indignation suite à la participation de membres de l'ancien gouvernement déchu au dernier sommet… pic.twitter.com/LnvY9FJ0x5
Reconnaissance officielle du coup d’État
La Commission de la Cédéao a affirmé dans un communiqué que le sommet du 10 décembre avait reconnu le renversement effectif du gouvernement de Mohamed Bazoum par un coup d’État militaire. C’est ce que l’on peut lire au point trois du communiqué :
« Le Sommet du 10 décembre a reconnu que le gouvernement de S.E.M. Mohamed BAZOUM avait été effectivement renversé par un coup d’Etat militaire. Par conséquent, à compter du 10 décembre 2023, le Niger est suspendu de l’ensemble des organes de décision de la CEDEAO, jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays ».
Vers une normalisation des relations avec le Niger ?
La Cédéao semble chercher à normaliser ses relations avec le Niger en désignant un comité pour engager des discussions avec le CNSP. Une délégation de médiation, désignée par la Cédéao, comprenant notamment le Ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey s’est rendue à Niamey le jeudi 14 décembre pour des discussions avec le Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zéine.
Les discussions ont principalement porté sur la durée de la transition au Niger. Dans une interview à la télévision nationale du Niger, Robert Dussey indique que les discussions autour du « timing de la transition […] est une avancée ».
🟢Le Premier ministre, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, a reçu ce jour le Ministre togolais des Affaires étrangères, M. Robert Dussey, pour des entretiens bilatéraux. M. Bakary Yaou Sangaré, Ministre nigérien des Affaires étrangères, était également présent à cette rencontre.
— Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (@NIGER_CNSP) December 14, 2023
Les… pic.twitter.com/Ra0NEhBKdt
Les signaux indiquent que la junte nigérienne, initialement encline à une transition de moins de trois ans, pourrait accepter une période plus courte. Les médiateurs de la Cédéao s’apprêtent à informer le président en exercice de l’institution régionale, le Nigérian Bola Tinubu pour lui faire le compte rendu de leur mission à Niamey.
Il faut également noter que la Cédéao s’inquiète du sort du président Mohamed Bazoum. En janvier prochain, le Niger devra présenter un chronogramme clair et détaillé des actions devant conduire à la fin de la transition, répondant ainsi aux demandes formulées lors du dernier sommet d’Abuja.