Les réfugiés soudanais dénoncent un traitement discriminatoire qui perdure depuis le mois d’avril a déclaré au micro de Studio Kalangou Younoussa Abar Ibrahim, un réfugié soudanais. Il explique que le HCR privilégie les migrants « éthiopiens » et « somaliens » dans le traitement des dossiers, car il faut rappeler que l’essentiel des refugiés ne viennent au Niger que pour obtenir certaines autorisations qui leur permettront de continuer leur route vers l’Europe. Mais Younoussa Abar Ibrahim ne comprend pas, quand on leur dit « qu’il n’y a pas de pays qui accepte les migrants soudanais ».
Audio : Younoussa Abar Ibrahim {podcast id=13660}
Interrogée par le Studio Kalangou, Alexandra Morelle, représentante du haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (UNHCR), rappelle que le Niger a signé un accord avec le HCR, l’ETM (Emergency Transit Mechanism). Ce mécanisme d’Evacuation d’Urgence et de Transit depuis la Libye vers le Niger implique un projet de réinsertion mais « pour les soudanais, ce projet de réinstallation n’est pas encore prévu. La plupart de ces soudanais viennent du Tchad où ils ont été déjà reconnus comme réfugiés là-bas, techniquement c’est le Tchad qui les protège, logiquement c’est au Tchad qu’on fait la réinstallation ».
Audio : Alexandra Morelle {podcast id=13659}
Depuis l’adoption de la loi anti-migration en 2015, le Niger est devenu un acteur incontournable de la politique migratoire européenne. En moins de deux ans, ce pays a significativement réduit les flux migratoires transitant sur son territoire vers l’Europe.
Dans le même temps, des centres ont été mis en place au Niger avec la collaboration de l’Organisation Internationale pour les Migrants (OIM) et du HCR pour le tri et l’enregistrement des dossiers des migrants en quête du statut de réfugié politique. Ce sont des fonctionnaires français de l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) qui viennent constamment au Niger pour traiter ces dossiers.
La création de ces centres a créé un « appel d’air » à l’endroit de certains migrants dont les soudanais massivement arrivés au Niger espérant obtenir ce statut de réfugié politique. C’est pour ces raisons que l’essentiel des pays de la sous-région se sont opposés à la mise en place de tels centres sur leurs territoires.
Alexandra Morelle comprend l’inquiétude des migrants soudanais et ajoute : « ils sont dans un pays qui leurs a donné un toit, ils sont en train de vivre un moment de frustration, on les comprend, on les écoute et on gère ».