D’anciens salariés de la société ORANO (ex-Areva) exploitant l’uranium dans le nord nigérien, ainsi que des habitants des villes d’Arlit et d’Akokan, ont porté plainte contre l’État du Niger à la Cour de Justice de la CEDEAO. La violation par la République du Niger des articles 21 et 24 et de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples serait l’objet de la procédure explique l’avocat des plaignants Me Elise Le Gall avocate du barreau de Paris.
La cour de justice de la CEDEAO a compétence pour entendre les causes contre les Etats membres de cet espace selon Me Elise Le Gall au micro du Studio Kalangou : « en ce sens elle a compétence pour interpréter et appliquer les dispositions de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples afin d’assurer la protection des victimes de violations grave des droits de l’homme, c’est pour cette raison que seul l’Etat du Niger est visé ».
Cette plainte intervient après une longue période de préparation, car les conséquences de ce genre d’affaires qui touchent l’environnement et la santé suivent un long processus avant de paraitre au grand jour. Plusieurs sources ont permis de constituer cette plainte selon l’avocate Elise Le Gall : des rapports des ONGs locales et internationales mais également des témoignages qui ont été relatés depuis plusieurs années sur les cas de malformations, des problèmes sanitaires et également au niveau de l’exposition au radon ajoute l’avocate.
L’affaire de l’ancien salarié d’Areva, Serge Benel qui a intenté une procédure en France contre son ancien employeur a redonné espoir aux plaignants nigériens, poursuit l’avocate des requérants : « pour lui, il a été reconnu un lien de cause à effet pour l’exposition au radon et son cancer pulmonaire. La question qui s’est posée c’est que pourquoi cela est reconnu pour un expatrié français et pas pour des anciens salariés nigériens qui s’estiment victimes de maladie respiratoire et autres. »
Les plaignants eux souhaitent que leur parole soit entendue et que l’Etat du Niger soit contraint de réaliser des études indépendantes et approfondies sur la qualité de l’eau, de l’air, des sols qui sont des conséquences environnementales de l’exploitation minière d’uranium tant à Arlit qu’à Akokan. Des études épidémiologistes indépendantes doivent être diligentées par le Niger afin de déterminer les causes réelles des maladies et des décès qui affectent les anciens salariés de la COMINAK et la SOMAÏR ainsi que les habitants autour de ces cités minières conclut l’avocate Elise Le Gall.
Interview de Me Elise Le Gall avocate du barreau de Paris