Hama Amadou, une personnalité centrale de la scène politique nigérienne, est décédé ce mercredi 23 octobre 2024 à l’âge de 74 ans à Niamey. Son parcours a été marqué par de nombreux rebondissements, symbolisant à la fois la résilience et les controverses qui ont jalonné sa carrière politique.
Une ascension politique fulgurante
Hama Amadou a occupé plusieurs positions clés au sein de la politique nigérienne. Il a été Premier ministre à deux reprises, de 1995 à 1996 sous la présidence de Mahamane Ousmane puis de 2000 à 2007 sous la présidence de Mamadou Tandja. Un mandat notable par sa durée et la stabilité relative qu’il a apportée au pays. Cependant, son gouvernement a été renversé par une motion de censure le 31 mai 2007, mettant fin à son passage à la tête de l’exécutif après sept ans, un record à cette époque pour le pays.
Par la suite, Hama Amadou a fondé son propre parti, le Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (Moden FA Lumana), après avoir été évincé de la présidence du MNSD-Nassara en 2009. Ce parti a rapidement pris une place importante sur l’échiquier politique nigérien, devenant un acteur majeur de l’opposition au pouvoir en place.
Hama Amadou a aussi été président de l’Assemblée nationale du Niger, de 2011 à 2014.
Des moments de gloire aux controverses judiciaires
Le parcours de Hama Amadou a été émaillé de nombreuses controverses, notamment l’affaire de trafic de bébés, pour laquelle il a été inculpé et condamné en 2017. Cette affaire a profondément marqué sa carrière et a contribué à son exil en France pendant plusieurs années. Bien que ses partisans aient toujours dénoncé une cabale politique, son retour au Niger en 2019 et son arrestation ont ravivé les tensions politiques dans le pays.
Un opposant résilient jusqu’au bout
Hama Amadou a tenté de briguer la présidence à plusieurs reprises, notamment en 2016, où il avait atteint le second tour de l’élection présidentielle avec 17,79 % des voix depuis sa cellule. Le 19 septembre 2020, son parti politique le désigne officiellement candidat à la présidentielle nigérienne de 2021. Cependant, le 13 novembre 2020, la Cour constitutionnelle du Niger rejette 11 dossiers de candidature dont celui de Hama Amadou. Malgré les obstacles judiciaires et les difficultés de campagne, il est resté une figure incontournable de l’opposition nigérienne, exerçant une influence sur la vie politique du Niger jusqu’à ses derniers jours.
Son décès marque la fin d’une époque pour le Niger, celle d’un leader qui, bien que controversé, a profondément façonné le paysage politique du pays. Des hommages ont afflué de divers horizons, notamment celui de Mahamadou Issoufou l’ancien président de la République du Niger, soulignant le rôle qu’il a joué dans la transition démocratique du Niger et les luttes pour le pluralisme politique.