Le Niger a adopté une nouvelle loi sur les écoutes téléphoniques publiées le 31 Mai 2020.
C’est pour lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale. Mais les députés de l’opposition et certains citoyens ont dénoncé le texte.
Ce que dit le Gouvernement à propos de cette loi
Le Niger fait face aux attaques récurrentes des groupes terroristes sahéliens dans l’Ouest, à ses frontières avec le Mali et le Burkina Faso et dans le Sud-est aux raids meurtriers des islamistes de Boko Haram ou du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest. Selon Mr Iro Sani, premier vice-président de l’Assemblée Nationale, chargé à la communication du bureau politique du PNDS, un parti présidentiel, cette loi s’inscrit dans « la recherche des renseignements concernant l’atteinte à la Sécurité de l’Etat et dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Ainsi les preuves recueillies seront utilisées dans le cadre des enquêtes et poursuites pénales diligentées par les autorités judiciaires selon les termes du document. Les interceptions des communications seront effectuées par des services techniques compétents sur toute personne contre laquelle il existe des sérieuses raisons ». Il ajoute que « la constitution elle-même prévoit qu’en cas de nécessité, il peut être fait dérogation de la disposition qui dit que le secret de correspondance et des communications est inviolable à moins qu’il ait une loi qui intervient pour encadrer cela ». Pour le gouvernement, cette loi est bien cadrée et elle consiste à garantir la sécurité de la population.
Mais ce gouvernement aurait dû « avertir d’abord la population avant de prendre une telle décision, sensibiliser les gens parce que pour nous c’est comme si le gouvernement a violé certaines de nos lois, notre liberté d’expression en adoptant cette loi, on voit que nos lois sont même banalisées » déplore un citoyen.
L’opposition dénonce la loi adoptée sur l’écoute téléphonique
L’opposition parlementaire a dénoncé « la volonté du pouvoir de priver les nigériens de toute vie privée dans leurs communications ». Cette loi va permettre de surveiller tous les nigériens, ainsi que tous ceux qui vivent au Niger, sous de fallacieux prétextes, autres que ceux relatifs à la sécurité et la lutte antiterroriste » déclare le député Soumana Hassane de l’opposition.
Les avis de certains citoyens
« Je suis d’accord avec les avis de l’opposition et des citoyens, du moment où il y’a une loi qui interdit qu’on intervienne dans la vie privée des autres, où il existe une disposition qui dit que le secret de communication et de correspondance est inviolable, donc nos téléphones sont nos vies privées.Ils réduisent notre liberté de vie et chacun a le droit d’extérioriser ses sentiments c’est-à-dire de donner libre cours à sa parole ».
« Mais comment donner libre cours à mes paroles tandis que je suis ou serai écouté par quelqu’un d’autre alors que j’aimerai que mes paroles restent confidentielles entre moi et mon interlocuteur ? » ajoute un autre citoyen.
Interview Soumana Hassane de l’opposition
Interview Iro Sani, premier vice-président de l’Assemblée Nationale