L’Etat du Niger est partie prenante de la majorité des conventions internationales relatives aux armes et mines terrestres. En effet, la République du Niger a ratifié le 23 mars 1999 la convention d’Ottawa. Elle est relative à l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel. Elle est entrée en vigueur au Niger le 1er septembre 2009.
Le 14 juin 2020, une personne est morte dans le département de Tchirozérine (région d’Agadez) suite à l’explosion d’un engin ressemblant à une bouteille explique un rescapé : « C’était vers 7h dans la matinée, nous étions en route pour Tchirozérine, quand mon ami a vu une sorte de bouteille par terre, il l’a ramassé… subitement, il m’a dit Sani j’ai ramassé une bouteille ; je lui ai demandé -qu’est-ce que tu vas faire avec ? Il faut la jeter et on continue notre chemin. Il a répondu, écoute Sani, cette bouteille est assez lourde ! J’ai rétorqué, Badamassi, peut-être qu’il faut la fracasser, pour que nous voyions son contenu ; au lieu de la casser au sol, il a tenu la bouteille dans ses mains et a cherché à la briser. Tout d’un coup, la bouteille explosa avec une détonation similaire à celle d’une arme à feu ». L’explosion arracha un bras, amputa une jambe et brula le visage de Badamassi, qui perdit la vie sur le coup, a confié Sani, le survivant, au micro du studio Kalangou. Il continue : « Je suis parti au poste de la gendarmerie, j’ai averti les agents, ils se sont rendus sur les lieux avec trois véhicules pour nous ramener ». Ce drame interroge sur la présence ou non des engins mortels dans le Nord du Niger.
Situation des mines terrestres dans le Nord du Niger
Les différents conflits qui ont éclaté dans le nord du pays, dans les années 90, combinés à la crise libyenne ont plongé le Niger épisodiquement dans une situation d’insécurité, engendrant des difficultés de déplacements de la population ainsi que des humanitaires dans la zone. Les temps d’accalmie ont amené les autorités à réévaluer la situation, dont la mission d’évaluation de mai 2014, suivie d’enquêtes techniques, qui ont permis au Niger de confirmer la présence d’un champ contaminé de mines AP ID51 sur près de 40 000 m2 dans le nord d’Agadez. Egalement, cette étude a permis la découverte d’une nouvelle zone minée juxtaposée à la précédente dont la superficie équivaut à près de 200 000 m2. « Cette nouvelle zone, juxtaposée au Bataillon de l’armée nigérienne côté Sud contient des mines anti véhicules françaises ACID 51 valorisées avec des mines anti personnel françaises MI APID 51, constitue la zone ou la présence de mines AP est confirmée… » a expliqué le Général Youssoufa Mamadou Maiga, lors de la quatrième Conférence de revue de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des Mines Anti personnel à Oslo (Norvège du 25 au 29 Novembre 2019).
Où en est le Niger dans le déminage de ces zones
Le 15 juin 2019, la commission nationale pour la collecte et le contrôle des armes illicites (CNCCAI) du Niger a repris ses activités de déminage humanitaire. Cette reprise a été précédée par le recyclage d’une quarantaine de démineurs issus des forces de défense et de sécurité nigériennes.
Le CNCCAI, a déminé plus de 9 000 m2 et déterré 183 Mines antipersonnel dont 176 AP DI 51 et 7 Mines AP Bondissantes. « A l’heure où je vous parle, il reste 187 172,22 m2 à déminer et cela avant le 31 décembre 2020 » a expliqué le Général Youssoufa Mamadou Maiga.
Interview du rescapé de l’explosion