Niger / L’utilisation du charbon minéral : avantage et inconvénient sur l’environnement

La déforestation est le phénomène de régression durable des surfaces couvertes de forêt. Au Niger elle est causée par l’agriculture, la coupe du bois pour les besoins de la population,…
Niger / L’utilisation du charbon minéral : avantage et inconvénient sur l’environnement
photo de charbon minéral/ credit photo Studio Kalangou

La déforestation est le phénomène de régression durable des surfaces couvertes de forêt. Au Niger elle est causée par l’agriculture, la coupe du bois pour les besoins de la population, l’urbanisation, la pauvreté et le changement climatique.

La population nigérienne, hormis le fait de couper les arbres pour créer leurs habitats et leurs champs, coupe aussi les arbres pour en faire du bois de chauffe et les utilise pour se soigner. Selon le commandant Bokoye Souleymane, chargé de programme à la direction des eaux et forêts « aujourd’hui la demande en bois de chauffe annuelle au niveau national est de 4 millions de tonnes alors que nos forêts ne peuvent produire que 2 millions de tonnes » donc ces chiffres démontrent que la demande dépasse l’offre. La majeure partie des ménages nigériens utilisent le bois de chauffe, ce qui contribue à la perte de nos espaces arborés, rien que pour les forêts, le commandant Bokoye estime « la perte annuelle de nos ressources forestières… à 120 000 ha ».

Notons aussi que le Club du Sahel, avec l’appui du projet planification et utilisation des sols et des forêts de 1982 à 1989, a évalué les ressources forestières naturelles du Niger à plus de 16 millions d’hectares. En 1994, une étude des vulnérabilités des formations forestières nigériennes au changement climatique a estimé la superficie des forêts naturelles à environ 6 millions d’hectares et celle des plantations à moins de 5 000 d’hectares. Actuellement il n’y a pas d’inventaire forestier récent.

Utiliser le charbon minéral pour stopper la déforestation : Une solution ?

« Toute autre source d’énergie de substitution du bois peut impacter sur le bois… », selon le commandant Bokoye Souleymane, qui a souligné l’insuffisance du bois disponible plus haut.  

Le charbon minéral est une roche sédimentaire combustible riche en carbone, formé à partir de la dégradation partielle de la matière organique des végétaux. Au Niger, il est exploité dans la région d’Agadez département d’Arlit, à Anou-Araren, par la société nigérienne de charbon (SONICHAR). La production du charbon a commencé au Niger en 1980. Au tout début, la production devait servir à produire de l’électricité pour alimenter les usines de traitement de l’uranium du département d’Arlit.

Mais au fil des années ce charbon a commencé à être commercialisé afin d’être utilisé dans les foyers. La commercialisation se fait à travers la Société Nigérienne de Carbonisation du Charbon minéral (SNCC). Sa production annuelle du charbon minéral est de 1 800 tonnes, les 600 tonnes sont vendues en régions, les 400 tonnes vendues sur le site et les 800 tonnes restent en magasin, et se renouvellent chaque année. « Il y’a une très grande différence entre le charbon minéral et le charbon de bois. Le charbon minéral dégage une matière calorifique plus grande que le charbon de bois et le bois lui-même » explique Mme Hassan Halima Issoufou, animatrice principale à la SNCC. Cette haute teneur en calorie qui varie entre 4 000 kcal/kg et 8 000kcal/kg fait que ce dernier brûle beaucoup plus longtemps que le charbon de bois.

Cependant, de son exploitation jusqu’à son utilisation, le charbon minéral n’est pas sans danger pour l’environnement et pour les personnes.

Conséquences du charbon minéral sur l’environnement et les risques liés à son exploitation

Selon Sani Ayouba directeur exécutif des jeunes volontaires pour l’environnement « parmi les sources énergétiques les plus polluantes figurent en premier plan le charbon minéral, parce que lorsqu’on regarde au niveau des émissions globales (émission de gaz à effet de serre) presque 40 % au niveau de l’énergie provient de ce secteur du charbon minéral, donc c’est vraiment très dangereux par rapport au CO2 que cela dégage… Sur toute la ligne, de l’exploitation à l’utilisation, c’est énormément de quantités de CO2 qui sont dégagées ». En résumé, l’utilisation du charbon minéral agit négativement sur l’environnement.

Au Niger, c’est la société nigérienne d’exploitation du charbon (SONICHAR) qui exploite ce minerai, qui n’est pas sans danger pour l’environnement, les travailleurs de la mine et les personnes vivant aux alentours de cette mine, car l’exploitation présente beaucoup de risque comme les explosions par exemple.

Malgré que les mines à ciel ouvert soient moins dangereuses que celles en profondeur (qui présentent beaucoup plus de risque d’effondrement) elles présentent aussi les mêmes risques tels les explosions, effondrements et inhalation de poussière.

Selon l’avis de Sani Ayouba, même si l’utilisation du charbon minéral présente des risques de pollution, il constitue dans un pays comme le Niger un véritable bouclier de lutte contre la déforestation, qui représente un grand fléau pour le pays. Le directeur exécutif des jeunes volontaires développe son argument : « Cela c’est ce qu’on appelle le moindre mal… depuis quelques années, à l’approche de Tabaski, on lance ce qu’on appelle Tabaski Ecolo c’est une campagne en ligne qui invite les gens à réduire leur consommation du bois le jour de Tabaski et de s’orienter vers des alternatives… Aujourd’hui, moi je préfère que nous utilisions le charbon minéral au détriment du bois, parce que nous n’avons pas beaucoup d’arbres, nous sommes un pays désertique. Plus on coupe les arbres, plus le désert avance, plus les conséquences sont énormes. Alors que, par contre, on a du charbon minéral en quantité énorme, donc je préfère utiliser ce moindre mal que d’encourager les gens à consommer du bois. ». Il ajoute qu’il y a tout de même d’autres alternatives comme l’énergie solaire, l’énergie éolienne. Le Niger dispose d’un fort potentiel solaire et l’éolienne également peut être testée dans les zones exposées aux vents.