A l’heure actuelle, il existe véritablement un phénomène social qui mérite un droit de regard des autorités compétentes compte tenu de son ampleur et des risques potentiels. C’est le métier de convoyeurs qu’exercent des petits enfants dont l’âge varie généralement de 10 à 15 ans. Les interviewés de cet article sont agés de 17 à 23 ans, ils ont débuté l’exercice du métier de convoyeur il y a quelques années déjà. Ces enfants sont accrochés avec tous les risques possibles derrière des vieux véhicules communément appelés Faba-Faba et Lazaret-Lazaret qui font la navette de Katako vers les quartiers périphériques (Lazaret, koira-Tegui, Dan Zama koira, cité député…etc).
Tandis que chaque 16 juin de l’année est célébrée la Journée de l’Enfant Africain où le monde commémore et reconnais les droits de ces enfants comme définis par la charte africaine. Ces droits sont entre autres : le droit à la vie, ce droit imprescriptible, le droit à l’éducation, aux loisirs, à la culture, à la protection contre l’exploitation et les mauvais traitements (travail des enfants, l’exploitation sexuelle). Ces enfants convoyeurs, eux, sont derrière ces vieux véhicules au risque imminent de leur vie.
Pour peu que l’on fasse un tour au marché de Katako, ces véhicules sont là attendant que les jeunes convoyeurs leur fassent le plein de passagers, pour pouvoir ensuite prendre les chemins des quartiers et marchés périphériques, marquant des arrêts, déposant ou prenant des clients.
Selon Abdoul Aziz Aboubacar jeune convoyeur de véhicule Lazaret-lazaret, âgé de 23 ans « ça faisait 4 ans de cela que je me suis lancé dans ce métier de mon propre gré. Nous commençons chaque jour à partir de 6 – 7 h du matin pour ne finir qu’après la prière de Icha, c’est-à-dire vers 20 h 30 » souligne- t-il. De préciser « parfois par jour, nous arrivons à faire 6 à 7 tours … En fin de journée je gagne entre 2 000 et 2 500 F CFA avec lequel je subviens bien à mes besoins. En cas de problème ou d’accident, c’est le chauffeur pour lequel je travaille qui me prend en charge ».
Mamane Bachir Moussa âgé de 17 ans, il a dû quitter les bancs de l’école après le collège, pour se donner corps et âme à ce métier de convoyeur. « Depuis tout petit je suivais mes oncles pour aller au marché de Katako et du coup j’ai préféré le métier d’apprenti à l’école » explique-t-il. D’ajouter « toute catégorie de personnes ont accès à nos véhicules et les prix varient entre 50 et 100 F CFA et nous faisons la navette de Katako vers Gnili Gao Do. Nous rencontrons tout genre de problèmes, surtout avec les clients qui parfois avant même de payer se permettent parfois des injures. Nous sommes sous la responsabilité de nos patrons en cas de problème. Par jour j’arrive à gagner 1 500 F CFA. Je dépense les 500 F et je mets de côté les 1000 F et c’est avec ces économies que je subviens à mes besoins et à ceux de ma famille ».
Le travail des enfants les prive de vivre leur enfance. Selon l’OIT (Organisation Internationale du Travail) 218 millions d’enfants entre 5 et17 ans sont occupés économiquement dans le monde. Parmi eux, 152 millions sont astreints au travail des enfants et près de la moitié accomplissent des travaux dangereux. Environ 50 % de ces enfants vivent en Afrique ou un enfant sur 5 est astreint au travail.
Selon, Ibrahim Amadou, exerçant le métier de conducteur de Faba-Faba il y a presque 3 ans « le métier de conducteur est une activité très difficile, nos véhicules sont vieux et les routes sont impraticables surtout en cette saison des pluies. Nous empruntons les voies vers Cité-Député, Banizoumbou 2, Rond-Point Baré, CEG5, Mairie Garage, Tonko Pompi, Kalley Plateau…etc qui demandent d’être réparées surtout au niveau de la Station Algabit de Lazaret. Le prix du transport est de 125 F CFA par personne. Le grand problème se pose tant au niveau des propriétaires des véhicules qui nous demandent une somme dépassant notre capacité de travail journalier. Et l’Etat doit lui aussi réduire les prix de certains papiers dont l’assurance et le numéro » se plaint le conducteur de Faba-Faba.
Pour rapporter de quoi assurer la pitance quotidienne familiale, et les conducteurs, et les enfants convoyeurs s’adonnent à ce métier dans des conditions très difficiles.
Interview de Abdoul Aziz
Interview de Maman Bachir
Interview de Ibrahim Amadou