Lancement d’une Commision pour les prochaines Assises Nationales au Niger

Lancement d’une Commision pour les prochaines Assises Nationales au Niger
Des membres du CNSP lors d'un meeting au Stade Général Seyni Kountché de Niamey le 6 août 2023 - Photo par Adam Sariou pour Studio Kalangou

Ce samedi 8 février 2025, les autorités nigériennes ont officiellement annoncé la mise en place d’une Commission qui s’occupera des structures et des directives encadrant l’organisation des Assises Nationales. Cet événement, prévu du 15 au 19 février 2025 à Niamey, constitue une étape dans le processus de transition au lendemain du coup d’État du 26 juillet 2023.

Ces Assises auront pour mission de définir les grandes orientations politiques, économiques et institutionnelles du Niger. Elles doivent permettre aux acteurs nationaux de tracer les contours d’une gouvernance renouvelée, tout en redéfinissant la place du Niger sur la scène internationale.
L’enjeu est de taille : restaurer la confiance des citoyens, stabiliser les institutions républicaines et poser les bases d’un cadre démocratique pérenne.

Contexte politique du Niger

Le 26 juillet 2023, un coup d’État mené par le général Abdourahamane Tiani a renversé le président Mohamed Bazoum, ouvrant une période de recomposition politique et stratégique pour le Niger. Face aux sanctions et pressions exercées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Niamey a opté pour un réalignement régional en intégrant l’Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés du Mali et du Burkina Faso, aboutissant finalement au retrait de ces trois pays de la CEDEAO.

Cette dynamique s’inscrit dans une volonté affichée de refondation nationale, centrée sur la souveraineté et l’indépendance. Elle s’est traduite par la dénonciation de plusieurs accords sécuritaires, notamment avec la France et les États-Unis, marquant un tournant dans les relations internationales du pays.

À Lire : Fin de l’accord militaire de 2012 signé par le Niger et les Etats-Unis

Dans ce climat de réajustement politique, certaines organisations humanitaires ont également été affectées. Des organisations non gouvernementales comme ACTED, APBE ou encore INSO ont vu leur autorisation d’exercer au Niger retirée. Dernier exemple en date, la suspension des activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) annoncée le 4 février 2025, illustrant les nouvelles priorités du régime en place.

Une Commission Nationale pour superviser et organiser les Assises Nationales

Par décret présidentiel du 8 février 2025, les autorités nigériennes ont institué la Commission Nationale chargée de la conduite des travaux des Assises Nationales. Placée sous la direction du Dr Mamoudou Harouna Djingarey, chef de canton de Sinder, cette instance regroupe une diversité d’acteurs influents : 8 vice-présidents, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Ibrahim Assane Mayaki, d’anciens ministres, des chefs religieux et des représentants de la société civile.

Qui est le Dr Mamoudou Harouna Djingarey ?

Le Dr Djingarey est un ancien haut fonctionnaire des Nations Unies dans le domaine de la santé. Il a consacré sa carrière à améliorer les services sanitaires en Afrique. Il est également Chef de canton de Sinder depuis 2016 et descendant des fondateurs du canton. Créé en 1813, le canton de Sinder est situé dans la région de Tillabéry, sur la zone dite des trois frontières (Burkina Faso, Niger et Mali). Il est donc une personnalité en phase avec les défis actuels du pays.

Objectifs et attentes des Assises Nationales

La Commission est investie d’une mission clé dans le processus de refondation politique du Niger. Elle est notamment chargée de :

  • Élaborer des documents de référence et diffuser les directives relatives aux travaux ;
  • Exploiter les synthèses issues des assises régionales et organiser les débats nationaux ;
  • Concevoir et mettre en œuvre un plan de communication ;
  • Proposer un avant-projet de la Charte de la Transition et formuler des recommandations stratégiques ;
  • Rédiger les rapports provisoire et final des Assises Nationales.

Pour mener à bien ces missions, la Commission s’appuie sur cinq sous-commissions thématiques, couvrant les domaines suivants :

  • Paix et sécurité
  • Refondation politique et institutionnelle
  • Économie et développement durable
  • Géopolitique et environnement international
  • Justice et droits de l’homme

Au total, 674 participants prendront part aux discussions, incluant 98 représentants de l’administration centrale, 80 membres des forces de défense et de sécurité (dont 50 hommes et 30 femmes) ainsi que 50 représentants de la société civile. Cependant, les partis politiques, suspendus depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, ne disposent d’aucune représentation dans cette Commission.

Ousmane Mamoudou.