Au Niger, l’expression délinquance juvénile est remplacée par « enfant en conflit avec la loi ».
Ces dernières années, le phénomène a pris de l’ampleur au Niger, plus précisément dans les grandes villes. Selon un article du Cahier d’études africaines de Danièle Poitou de 1981, intitulé Délinquance juvénile et urbanisation au Niger et au Nigéria,disponible ici elle explique que « la délinquance n’est en effet qu’un des aspects du problème de la déviance et de la marginalité. En Afrique de l’ouest, il apparait que la plupart des mineurs délinquants sont de jeunes villageois mal adaptés aux difficultés de la survie en ville, tandis que, pour quelques autres, parfaitement rodés aux possibilités de la vie citadine, le choix d’une vie marginale exprime l’orientation antisociale, souvent précoce, de la personnalité tout entière ».
Notons qu’au Niger, la plupart des enfants en conflit avec la loi sont des enfants qu’on envoie en ville pour trouver du travail afin d’aider leurs familles. Il arrive que ces derniers ne trouvent pas de quoi subvenir à leurs besoins, à plus forte raison envoyer au village. Quand cela arrive, certains d’entre eux continuent leur exode hors du pays et les plus malchanceux qui tombent sur des mauvaises fréquentations s’adonnent à la débauche et à la délinquance. Mais ce n’est pas uniquement cela qui cause la délinquance juvénile. La précarité qui existe de nos jours, la maltraitance des enfants, le divorce qui crée des instabilités chez l’enfant et même une mauvaise éducation. Tous ces facteurs peuvent être à la base de la délinquance juvénile.
Mais ce n’est pas pour autant que c’est eux uniquement qui sont les enfants en conflit avec la loi qu’on rencontre, il y a aussi les enfants déscolarisés ou non scolarisés. L’éducation d’un enfant influence sur son orientation, mais aussi le milieu dans lequel il évolue ou la société. Quand on sait que le pays sera demain à l’image des enfants d’aujourd’hui car ils sont l’avenir du pays, comment éradiquer la délinquance juvénile ?
Comment lutter contre la délinquance juvénile ?
Quand un mineur commet un délit ou un crime, l’emprisonner peut avoir beaucoup plus de conséquences néfastes que de bien. Il risque d’y trouver plus dangereux que lui et d’être entrainé.
Dans un forum du studio Kalangou, en date du 11 juillet 2020, sur la délinquance juvénile Seyni Djibo président de l’Association Nigérienne pour le Traitement de la Délinquance et la prévention du crime (ANTD), s’exprimait ainsi « dès qu’il y a délinquance, il y aura inévitablement crime, parce que ça commence à partir de la petite délinquance jusqu’à ce que ça devienne incontrôlable » une manière de dire que la délinquance constitue la voix vers le crime. Cela veut dire que ce n’est pas automatiquement que l’enfant devient un délinquant. Donc, il est possible d’empêcher cela. C’est dans ce sens que lutte cette association.
Mr Seyni Djibo a proposé comme solution de lutte contre la délinquance « au lieu de juger ces enfants, les condamner, créons les conditions d’aller vers ces enfants, les approcher et créer une dynamique entre nous afin que ces enfants puissent se sentir à l’aise ». Lorsqu’on installe un climat de confiance avec un enfant on peut facilement le modeler, le transformer. Avec ce climat de confiance, on peut facilement le faire dévier de la voix de la débauche et de la délinquance. Avec un certain suivi et un peu d’aide on peut réhabiliter un enfant délinquant. Les parents aussi de leurs coté peuvent lutter contre cette délinquance en restant vigilants sur l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants comme l’a indiqué Moustapha Agali juge des mineurs « un enfant qui est mal éduqué, il va de soi qu’il tombe dans la délinquance, sauf une éducation vraiment qui apprend à l’enfant comment s’en sortir dans la vie sans tomber dans l’illégalité tout en restant digne et droit dans sa vie ».
Le Niger dispose des centres de réinsertion des mineurs en conflit avec loi et ce n’est pas pour tout délit qu’un mineur est incarcéré.
Intervention Djibo Seyni
Intervention Moustapha Agali