Les Assises Nationales du Niger se sont ouvertes le samedi 15 février 2025 au Centre International de Conférence Mahatma Gandhi de Niamey. Pendant cinq jours, 716 participants, représentant les différentes régions du pays et la diaspora, analyseront la synthèse des assises régionales et travailleront à l’élaboration d’un avant-projet de Charte de la Transition. Pour structurer les débats, plusieurs sous-commissions ont été constituées afin d’examiner les enjeux majeurs du pays. Hier, 16 février 2025, les présidents de ces sous-commissions ont dressé un état des lieux de l’avancement des travaux.
Les travaux de la sous-commission « Paix, Sécurité, Cohésion Sociale et Réconciliation Nationale »
Présidée par Idi Ango Omar, cette sous-commission a débuté ses travaux par la mise en place de son bureau et la validation des participants. Après une appropriation des synthèses des assises régionales, les débats se sont concentrés sur quatre axes : sécurité, cohésion sociale, réconciliation nationale et paix.
« Nous avons demandé aux gouverneurs de donner un aperçu de la question sécuritaire qu’ils vivent dans leur région », afin que, au-delà des recommandations issues des régions, nous ayons une compréhension précise du vécu quotidien de nos concitoyens, a expliqué Idi Ango Omar qui est le président de cette sous-commission.
Un ancien chef d’état-major malien a également été convié pour partager l’expérience du Mali dans la gestion des défis sécuritaires. « Cet ancien chef d’état-major nous a donné aussi un aperçu de leurs Assises au Mali et comment ils ont abordé la question sécuritaire », a indiqué Idi Ango. Le sous-thème concernant la paix sera débattu ce 17 février a-t-il précisé.
Développement durable et souveraineté économique : Priorités et perspectives
Salha Haladou, président de la sous-commission « Économie et Développement Durable », a rappelé la méthodologie de travail adoptée dès le début des échanges. « Nous avons introduit d’autres nouveautés parce que nous avons jugé utile de désigner des modérateurs […] qui peuvent appeler à l’ordre dans le cas où il y aurait éventuellement peut-être soit un dérapage que ce soit du point de vue des interventions qui peuvent aller au-delà du domaine concerné ou alors donc des langages éventuels qui ne seraient pas appropriés ».
Les discussions ont permis d’établir des thématiques structurantes pour la gestion économique du pays. « Nous avons eu la chance de pouvoir définir les dimensions de ce qu’est le développement durable. Et à partir de ces dimensions, nous avons donc établi des sous-thèmes qui peuvent guider nos débats ».
Salha Haladou à globalement indiqué que les objectifs de cette sous-commission est d’assurer la souveraineté dans la gestion de toutes les ressources, qu’elles soient financières ou naturelles, tout en préservant les opportunités pour les générations futures.
Justice et Droits de l’Homme : Vers une refondation du système judiciaire
Dagra Mamadou, président de la sous-commission « Justice et Droits de l’Homme », a souligné l’importance des contributions des différentes parties prenantes, notamment la chefferie traditionnelle et les leaders religieux : « Nous avons l’honneur d’être avec des représentants de la chefferie traditionnelle, et des leaders religieux qui, comme vous le savez, jouent un rôle très important en matière de justice dans notre pays.»
Pour lui, l’enjeu majeur est de refonder la justice en accordant une place plus importante à la justice coutumière aux côtés de la justice étatique. Par ailleurs, « la quête de justice » des Nigériens reste une préoccupation largement évoquée.
Les travaux ont avancé selon un programme établie : « Nous avons terminé ce matin avec la sous-thématique assainissement de la justice. Et cet après-midi, nous avons commencé à débattre du système des droits humains. Demain (17 février 2025), si Dieu le veut, dans la matinée, nous allons aborder et achever les voies et moyens de refondation de la justice et des droits humains dans notre pays ».
Refondation politique et institutionnelle : Une nouvelle gouvernance en construction
Nouhou Arzika, président de la sous-commission « Refondation politique et institutionnelle », a mis en avant l’ampleur des débats et l’afflux important de participants. « On s’est retrouvé avec un nombre, on peut dire pléthorique, parce qu’on est plus de 200 personnes au niveau de notre commission. Et ça nous a rassuré qu’il y a un engouement qui va démentir certainement les qu’en-dira-t-on de ce qu’on a entendu ou qu’on a lu dans la presse, où les gens estiment que c’est une affaire de copain-copain, ce qui n’est pas le cas ».
Il a également rappelé l’importance de structurer les propositions dans un cadre rigoureux. « On nous a demandé de préparer aussi un avant-projet de la charte de la transition. Donc nous nous sommes aussi attelés à ça en essayant de rassembler l’ensemble des documents qui sont mis à notre disposition ».
Stratégie géopolitique : Une diplomatie souveraine et proactive
Illo Adani, président de la sous-commission « Géopolitique et Environnement International », a exposé les analyses effectuées sur l’environnement international du Niger. « Nous avons immédiatement procédé à une analyse sans complaisance de l’environnement international, un environnement qui est incertain, qui est instable et qui dessine une géopolitique mondiale, régionale, sous-régionale, qui est délétère et qui est essentiellement fondée sur le rapport des forces ».
Les discussions ont permis d’aborder l’un des axes centraux de la transition : la Confédération des États du Sahel. « Nous avons entamé et achevé l’examen du premier axe qui lui concerne l’approfondissement de la réflexion sur l’opérationnalisation de la Confédération des États du Sahel. Et vous savez à quel point cette dimension est importante pour le Niger ».
Les discussions ont permis d’aborder des questions, allant de la sécurité à la refondation institutionnelle, en passant par la souveraineté économique et la justice.
Les différentes interventions ont souligné l’importance d’une transition inclusive et fondée sur des bases solides. Les recommandations finales seront soumises au CNSP dans les prochains jours afin de servir de socle pour l’avenir politique du Niger.