ACTED Niger : « Notre engagement qui était très fort, aujourd’hui il est immense »

A l’occasion de la journée mondiale de l’aide humanitaire célébrée le 19 août, le Studio Kalangou a reçu Alice Dorrer qui est la représentante de l’ONG ACTED au Niger et…
ACTED Niger : « Notre engagement qui était très fort, aujourd’hui il est immense »
Siège de ACTED à Niamey / BOUREIMA HAMA / AFP

A l’occasion de la journée mondiale de l’aide humanitaire célébrée le 19 août, le Studio Kalangou a reçu Alice Dorrer qui est la représentante de l’ONG ACTED au Niger et Bertrand Gallet président de l’ONG au niveau mondial. Cette année, la célébration de la journée au Niger est marquée par l’attaque contre un véhicule de cette organisation dans la réserve de Kouré qui a fait huit morts parmi lesquels deux nigériens et six français.

Evolution de la réponse humanitaire dans le temps

C’était en 1812 au Venezuela que la première opération de secours humanitaire internationale a eu lieu afin de secourire les victimes du tremblement de terre qui a touché Caracas. En un peu plus de 2 siècles d’existences, l’aide humanitaire « a connu une évolution assez impressionnante. Autrefois, les humanitaires c’étaient un peu des personnages intouchables, souvent des médecins qui allaient dans des endroits où personne n’allait et qui étaient protégés par la population. Ensuite les humanitaires sont devenus des victimes collatérales dans les bombardements. Et aujourd’hui, ce sont des victimes désignées » a indiqué Bertrand Gallet.

Même si le drame de Kouré peut-être considérer comme une attaque contre les intérêts occidentaux et non humanitaires, Bertrand Gallet poursuit que « de plus en plus d’humanitaires sont tués dans l’exercice de leur travail et ça pose un vrai problème de droit international, de protection internationale très difficile à mettre en œuvre mais sur lesquels il faudra travailler ». Il est donc plus que jamais temps de mettre en place «  un statut non seulement des humanitaires mais des espaces humanitaires » tout en reconnaissant que cette idée prendra beaucoup de temps, de par la nature et la complexité des outils à développer mais également de la diversité des acteurs impliqués.

Quid de la réouverture des locaux de l’ONG ACTED au Niger ?

«  Depuis que ces assassinats sont survenus, notre équipe ici au Niger mais aussi les équipes d’ACTED partout dans le monde sont très choquées…Et on a traversé une période de repli, un temps de repli qui nous permet surtout de nous occuper des familles des victimes. Mais on veut aussi s’occuper de nos équipes, pour être prêt à repartir sur le terrain dans la confiance. Notre engagement qui était très fort, aujourd’hui il est immense ». Ce sont les propos d’Alice Dorrer, qui est la représentante nationale de l’ONG ACTED au Niger. Un message de soutien à l’endroit de toutes les personnes touchées de près ou de loin par les évènements survenus.

Elle poursuit en indiquant que le classement du Niger en zone rouge par le Quai d’Orsay n’entravera aucunement leurs actions dans le pays : « pour ACTED et les autres organisations humanitaires que l’on connaît bien, il n’y a rien de rouge. Le Niger n’est pas rouge, les pays du Sahel ne sont pas rouges, c’est une simplification et ça colle pas avec la réalité du quotidien des populations, même si en effet dans certaines zones spécifiques du Niger, les populations sont victimes de violences récurrentes et les humanitaires aussi ».

Cette année, la campagne autour de la journée mondiale de l’aide humanitaire se focalise sur « ce qui pousse les humanitaires à continuer de sauver et protéger des vies malgré les conflits, l’insécurité le manque d’accès et maintenant les risques liés à la COVID-19 » peut-on lire sur le site des Nations Unis. Pour Bertrand Gallet, il faut désormais avoir un regard beaucoup plus large puisque l’insécurité est aujourd’hui «  un phénomène global » et qu’il est important d’avoir «  une pensée pour toutes les victimes de ce conflit ».