Dans la nuit du 18 au 19 août, un coup de force militaire a poussé le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keita à la démission. Un coup de force qui intervient après des semaines de manifestation menée par le mouvement citoyen « M5 ».
Ce coup de force, condamné par la CEDEAO, l’organisation sous régionale, et la communauté internationale, marque un rebondissement dans la crise malienne depuis 2012.
Pour Kader Touré, directeur de la radio Annia de Gao, ce coup de force rappelle l’amère expérience de 2012, lors du coup d’Etat des hommes du général Haya Sanogo. Contacté par le studio Kalangou, il confie : « Après le coup d’Etat, des groupes armés terroristes ont envahi plus d’un tiers du territoire national. Cela a duré environ 10 mois et a plongé le pays dans une incertitude totale ».
La prise du pouvoir par les militaires en 2012 n’a pas résolu la crise du pays pour les populations installées des zones d’insécurité, comme la région de Gao, c’est la crainte d’une éventuelle répétition de l’histoire.
« Aujourd’hui, nous craignons la même chose. Sauf qu’à la différence de 2012, le Mali bénéficie aujourd’hui de l’appui des forces de la Minusma et de la force Barkhane. Ce qui pourrait un peu rassurer les populations civiles », a affirmé Kader Touré, directeur de la radio Annia de Gao. Et d’ajouter en allusion à la tâche qui attend l’armée nationale du Mali : « Ce sera compliqué de gérer la situation politique sécuritaire au moment où, à Gao, nous ne pouvons pas nous déplacer à moins de 5 à 10 km sans voir des bandits armées, sans voir des groupes armés terroristes… ». Et il conclut que, pour l’heure, « il est encore trop tôt pour prédire ce qui se passera dans les prochains jours ».
Pour le moment, le Comité National pour le Salut du Peuple, qui est à la tête du pays, n’a donné aucune information sur les mesures de lutte contre l’insécurité.
Réaction des ressortissants maliens à Niamey
A Niamey, nous avons rencontré quelques membres de la communauté malienne installée au Niger. « Depuis très longtemps, le président même est averti, mais il y a des gens autour de lui qui sont en train de le tromper » a mentionné un ressortissant malien. Pour un autre : « la population, les religieux, tout le monde a tourné autour de ce monsieur. Il n’arrive pas à se décider, sachant bien qu’il n’est pas en train de faire quoique ce soit ».
Interview de Kader Touré, directeur de la radio Annia de Gao
Micro-trottoir des ressortissants maliens à Niamey