Suite au coup d’Etat contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita intervenu le mardi dernier au Mali, les autorités nigériennes ont pris la décision de fermer les frontières aériennes et terrestres entre le Niger et le Mali. La même décision a été prises par les militaires ayant pris le pouvoir au Mali.
Ansongo est une commune malienne proche de la région de Tillabéri au Niger. Dans cette zone frontalière, malgré la fermeture de la frontière après le coup d’Etat militaire, les populations du Niger et du Mali continuent leur déplacement normalement. Le Studio Kalangou a contacté Abdoul Karim Maïga, journaliste à Ansongo qui fait savoir que rien n’a changé : « C’était fermé officiellement, mais officieusement, les gens voyagent tranquillement. Des bus quittent le Mali, de Gao jusqu’à Labbezanga. Des bus quittent Niamey pour venir jusqu’à Ayorou. A partir d’Ayorou maintenant il y a des voitures personnelles qui font la traversée (vers le Mali) avec les passagers. Et même aujourd’hui, c’est ce qui est en train de se passer ».
Des frontières poreuses même en période de pandémie
« En fait, entre nous et le Niger, il n’y a jamais eu un seul mètre de frontière, même pendant la pandémie du coronavirus, quand les autorités ont décidé de fermer les frontières. C’était fermé officiellement, mais officieusement, les gens voyagent tranquillement ».
La porosité des frontières en Afrique, fait souvent l’objet de débat puisque certaines ethnies sont à cheval sur plusieurs pays. Par exemple, le Niger qui compte 5 700 kilomètres de frontières pourra difficilement couper ses ressortissants kanouri, haoussa et peul de leurs frères du Nigeria, séparer les Toubou de leurs parents tchadiens et libyens, ou les Songhay et les Touareg de leurs cousins du Mali.
Au Niger, la fermeture des frontières aériennes et terrestres de même que la suspension des transactions commerciales et économiques avec le Mali a été annoncée dans la soirée du 19 août par le porte-parole du gouvernement nigérien Zakaria Abdourahane. Dans le même communiqué, il a aussi annoncé la suspension du Mali de tous les organes de décision de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et ce : « jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel » dans le pays.
Interview de Abdoul Karim Maïga, journaliste à Ansongo (Mali)
Communiqué du porte-parole du gouvernement nigérien Zakaria Abdourahane