Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), l’esclavage et les situations similaires telles que la traite des enfants, la servitude pour dettes, le servage, les enfants dans des conflits armés sont les quatre pires formes du travail des enfants qui existent comme défini dans la convention N° 182 par la même organisation en 1999 à Genève. Dans un rapport publié en 2017, l’OIT indique que dans une période de 4 ans (2012-2016), ce sont au total 152 millions d’enfants dans le monde qui sont astreints au travail, dont 73 millions effectuant un travail dangereux qui met directement en péril leur santé, leur sécurité et leur développement moral. Le graphique ci-dessous issu du rapport de l’OIT intitulé Estimations mondiales du travail des enfants nous donne quelques précisions.
Quelles sont les pires formes de travail des enfants au Niger ?
L’exploitation des enfants dans les mines aurifères, dans les abattoirs et dans la mendicité constituent pour l’ALTEN les pires formes de travail des enfants au Niger. En effet, Moussa Mahamadou indique par exemple que dans les mines « on fait travailler les enfants dans des trous, on les fait travailler pour concasser le granite qui est extrait » tandis qu’au niveau des abattoirs « les enfants sont utilisés à des heures indues » et assistent à des scènes violentes (abattage et écoulement de sang) qu’un enfant n’est pas supposer voir.
Ces enfants travaillent dans des conditions pénibles qui leurs empêchent de jouir d’une enfance normale. En outre, ils n’ont pas également accès à l’éducation puisqu’ils sont sollicités dans plusieurs secteurs d’activités économiques.
Que dit la législation nigérienne sur les pires formes de travail des enfants ?
C’est en 2000 que la convention N° 182 de l’OIT a été adoptée au Niger. « Conformément à la convention sur les pires formes de travail des enfants, au Niger, il y a le code du travail et le code pénal qui déterminent les conditions dans lesquelles un enfant peut ou ne pas travailler » selon Mahamadou Moussa coordonnateur de l’Association de Lutte contre le Travail des Enfants au Niger (ALTEN). Aussi bien dans les zones urbaines que rurales, les conditions de vie, en particulier celles des enfants y sont très difficiles. Pourtant, « au Niger, le travail de l’enfant est accepté à partir de 14 ans, mais pas dans n’importe quelle condition. Parce qu’on ne peut pas lui faire porter des charges lourdes, le mettre dans des travaux qui peuvent nuire à son évolution physique ».
Dans le code du travail nigérien, l’Assemblée nationale a aussi votée une loi dans laquelle elle énumère « dans quelles conditions on peut faire travailler les enfants ? Et dans quelles conditions il est interdit de faire travailler les enfants ? ». Moussa Mahamadou, poursuit en rappelant également que ce sont les dispositions du code pénal « qui balisent pratiquement tout ce qu’il y a comme possibilités de méchanceté ou d’exploitation qu’on peut être amené les uns et les autres à appliquer sur les enfants ».
Egalement, l’arsenal juridique contre le travail des enfants se renforce avec la « loi sur l’esclavage qui criminalise l’utilisation des enfants dans le cadre de l’esclavage ». Cependant, il rappelle que certaines de ces lois ne sont pas spécialement prévues pour la protection de l’enfant en ce sens que « c’est les lois qui interdisent les activités illicites qui condamnent les personnes qui utilisent les enfants pour le faire ». Par exemple, c’est la loi interdisant la prostitution qui condamne les personnes qui utilisent les enfants dans ce domaine.
Comment y mettre fin ?
Mahamadou Moussa, coordonnateur de l’ALTEN indique les stratégies que son organisation met en place pour lutter contre ce phénomène : « nous sensibilisons la population à travers des discussions sur les radios, les réseaux sociaux…etc. Nous voulons disposer d’un corpus parlementaire pour le droit de l’enfant. Pour que les parlementaires soient les porte-voix de tout ce qui est loi en faveur de la libération de l’enfant ». Mais tous ces efforts doivent également être soutenus par l’Etat afin de garantir aux enfants nigériens le droit de jouir de toutes les libertés.
Interview de Moussa Mahamadou