Femmes et élections au Niger : La contrainte du financement ?

Depuis l’avènement de la démocratie au Niger dans les années 1990, la question des droits des femmes est au cœur des préoccupations des autorités et des organisations de la société…
Femmes et élections au Niger : La contrainte du financement ?
Une femme tenant une carte d'électeur nigérienne / ISSOUF SANOGO / AFP

Depuis l’avènement de la démocratie au Niger dans les années 1990, la question des droits des femmes est au cœur des préoccupations des autorités et des organisations de la société civile. Cette interrogation porte également sur leur participation en politique. La marche du 13 mai 1991 est d’ailleurs symbolique car marquant l’entrée effective des femmes nigériennes dans le jeu démocratique.

Bien qu’il n’y ait pas eu de femmes candidates a la future présidentielle 2020-2021, elles sont présentent aux législatives et aux locales.

Le financement des campagnes politiques des femmes

Candidate aux élections législatives, Mme Kadaouré Rahina Mahamadou Nasamou est une militante de la Synergie des Démocrates pour la République (SDR – Sabuwa). La campagne « du point de vue femme, ce n’est pas chose facile » pour Mme Kadaouré Rahina s’agissant du financement. Elles reçoivent souvent le concours d’autres femmes de la famille et des ami(es)pour la mobilisation et parfois un appui financier et matériel. Mais généralement, les femmes candidates financent leur propre campagne avec leurs propres ressources, avec le soutien des époux explique Mme Kadaouré Rahina Mahamadou Nasamou.

Mme Ramatou Kountché, est la présidente des femmes élues de la région de Tillabéry. Elle est entrée en politique suite à un choix porté sur sa personne : « quand il y a eu la première réunion du parti, je suis venue, je me suis présentée… Les gens m’ont dit … c’est toi qu’on a choisi pour être notre candidate aux locales ».

Dans le cadre du financement de sa campagne, Mme Ramatou Kountché avait ses propres fonds ainsi que des contributions provenant de ses militants. Selon Mme Ramatou Kountché, la contribution financière des partis politiques lors des campagnes électorales n’est pas repartie individuellement aux candidats. Les fonds sont mis à la disposition du bureau de campagne pour « organiser les meetings, c’est pour acheter certaines choses, c’est pour le transport des militants… ».

Pour Mme Ramatou Kountché, présidente des femmes élues de la région de Tillabéry « la candidate doit chercher ses fonds propres ». L’apport reçu de la part de son parti n’étant pas suffisant pour supporter sa campagne. 

Selon Mme Ramatou Kountché « on dit que le Niger est pauvre, mais cette pauvreté sans être pessimiste, elle revêt un visage féminin. Demandez à une femme si elle peut avoir suffisamment d’argent pour faire une campagne, ça relève un peu de l’utopie ».

Y a-t-il une différence financière entre une campagne menée par un homme et celle menée par une femme ?

L’engagement politique des femmes est très faible au Niger et tributaire des pesanteurs socio-économiques auxquelles elles se heurtent. Si, elles sont candidates aux différentes élections, leur pouvoir de financement est faible par rapport aux candidats masculins. Il n’existe d’ailleurs pas une loi encadrant le financement des campagnes politiques au Niger.

Pour Mme Kadaouré Rahina Mahamadou Nasamou, la différence qui puisse exister lors des campagnes électorales entre les candidats hommes et femmes se situe « au niveau du pouvoir de financement ». Cela s’explique par le fait que « les femmes n’ont pas généralement beaucoup d’argent pour financer leur campagne comme les hommes ».

« Naturellement les hommes ont plus de moyens que les femmes et ils dépensent plus » selon Mme Ramatou Kountché. Mais « la femme, elle aussi a sa stratégie », son approche pour toucher l’électorat est plus souple que celle de l’homme dans le contexte nigérien.

L’adoption de la loi sur le quota pour Mme Ramatou Kountché « c’est une loi de discrimination positive. Les femmes ont commencé à dire que voilà quelque chose qui est vraiment bénéfique ». Et cela a permis la présence des femmes à des postes électives au niveau de toutes les communes du Niger.