L’agriculture et l’élevage sont deux secteurs très importants pour l’économie du Niger. Ils sont les principales sources de revenus pour les populations. L’agriculture représente plus de 14 % du PIB (produit intérieur brut) du pays et l’élevage, représente 11 % du produit intérieur brut et 35 % du produit intérieur brut agricole.
L’agriculture et l’élevage sont deux éléments qui se complètent. Ainsi les agriculteurs et éleveurs cohabitent, occupent et partagent les mêmes espaces et terroirs pour leurs activités. Cependant, ces agriculteurs pour leurs fins agricoles utilisent les espaces réservés pour les pâturages. Et ces éleveurs aussi pour avoir plus de ressources naturelles (pâturage, eau) se déplacent de plus en plus vers des espaces cultivés où les animaux peuvent paitre. Ce qui conduit parfois aux conflits.
Ainsi à Birni-Konni, pour éviter ce genre de conflit, l’année dernière, les éleveurs du département ont lancé une campagne de sensibilisation sur la prévention des conflits avec agriculteurs. Et cette année, c’est au tour des agriculteurs de mener la campagne dans les villages.
Aboubacar Madougou, membre de l’association des agriculteurs de Birni-Konni explique au micro du Studio Kalangou « les éleveurs traversent des crises qui et catastrophes naturelles. La crise la plus grande pour les éleveurs, c’est que de 2012 à nos jours, les éleveurs n’ont même pas la liberté même de faire la transhumance de l’élevage ». Au Niger, les éleveurs rencontrent d’énormes difficultés pour accéder aux ressources foncières pour bien mener leurs activités. Parce que les déplacements de bétail demandent des grands espaces notamment des couloirs de passage, les aires de pâturages ou de repos, les points d’eau…etc.
Aboubacar Madougou ajoute par ailleurs que ces éleveurs, « ils ont été secoués par rapport à cette crise qui jusqu’au jour d’aujourd’hui, ne fait que prendre de l’ampleur » constate-t-il. Outre le problème de ressources pastorales, les éleveurs sont confrontés aux inondations, aux sècheresses, au manque d’aliments pour le bétail, il y a aussi la question de la santé animale.
En effet, Birni-Konni est une commune urbaine située à environ 125 kms au sud de la région de Tahoua. Les principales activités de la population sont l’agriculture et l’élevage. Ainsi cohabitent éleveurs et agriculteurs. Pour exercer leurs activités, ils partagent les mêmes ressources naturelles. Ce qui souvent les met en conflit.
Selon les autorités locales, a la mi-novembre 2014, dix (10) personnes ont été tuées dans cette localité et 13 (treize) autres ont été blessées suite à un affrontement entre éleveurs et agriculteurs. En 2016 aussi, on dénombre au moins 18 morts et 43 blessés à Bangui entre éleveurs et agriculteurs, toujours dans la région de Tahoua.
Ainsi pour chercher à résoudre le problème des éleveurs et éviter les conflits entre ces éleveurs et les agriculteurs, « il y a eu la réunion des éleveurs de toute la sous-région Mali, Burkina-Faso, Benin, Niger, Togo, Mauritanie et Tchad pour voir comment répondre ou bien trouver ou faire un plaidoyer au niveau de nos Etats pour s’en sortir » explique Aboubacar Madougou, membre de l’association des agriculteurs de Birni-Konni. L’objectif de la campagne vise à sensibiliser les agriculteurs et les éleveurs sur comment prévenir les conflits ?, les informer de ce qui peut se produire en cas de conflit. Et, comme le dit un adage « mieux vaut prévenir que guérir ».
En période de libération des champs (fin décembre, les éleveurs amènent leurs bétails dans les champs pour enrichir les sols avec les excréments des animaux servant de matières organiques. En récompense aux éleveurs, leurs animaux se servent des herbes sèches comme sons. Mais, tout cela a changé à cause du changement climatique, la poussée démographique, la diminution des terres cultivables et de pâturages et surtout la gestion des ressources naturelles. Désormais les éleveurs font face au manque d’eau, de pâturage, ce qui les amène à se déplacer toujours plus loin. Au cours de leurs déplacements, des dégâts peuvent survenir sur les champs. Quant aux agriculteurs, ils occupent les espaces réservés aux pâturages, ou les alentours. C’est cela qui crée le conflit agro-pastoral dans certaines régions du Niger.
Interview de Aboubacar Madougou
Rabi Assoumane Hamani.