Le Niger, pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, partage plusieurs frontières avec ses voisins dont l’Algérie, le Benin, le Burkina-Faso, la Libye, le Mali, le Nigeria et le Tchad. Cependant, seules les 50 % de ces frontières sont bornées selon Adamou Hassoumi, secrétaire permanent de la Commission Nationale des Frontières du Niger. Le non bornage de certaines de ces frontières est dû à plusieurs facteurs selon lui, dont entre autres les attributions de souveraineté, de délimitation, de démarcation…etc. Et dans le cas de la frontière par exemple entre le Niger et le Benin, c’est en grande partie fluviale. Ce qui rend impossible pour l’instant la pose des bornes physiques.
Chaque 7 juin de l’année est célébrée la journée africaine des frontières. C’est à cette occasion en 2020, que le ministre délégué à la sécurité publique, Alkache Alhada, avait indiqué « sur l’ensemble des 5 690 kilomètres de frontières terrestres qu’il partage avec ses sept (7) pays voisins, le Niger a déjà réussi la délimitation et la démarcation de 2 866,32, soit un total de 50, 4 % de réalisation ».
En effet, la question du bornage des frontières a été la base de conflit entre le Niger et les pays comme le Burkina-Faso et surtout le Benin.
Ainsi pour pouvoir jouer correctement leurs rôles, les différents intervenants dans la gestion de la frontière Malanville-Gaya reçoivent depuis le 8 juin 2021 une formation sur la lecture des cartes spatiales et GPS, proposée par la Commission Nationale des Frontières au Niger.
« Notre frontière avec le Benin est totalement fluviale. C’est une particularité et du fait que cette frontière est totalement fluviale, nous ne pouvons pas mettre les bornes dans le fleuve » indique Adamou Hassoumi, secrétaire permanent pour la Commission Nationale des frontières du Niger.
En effet, bornée par l’administration française pendant la colonisation, la frontière entre le Niger et le Benin sépare les deux (2) territoires qui étaient le Dahomey et le Niger. Ces deux pays partageaient plusieurs iles, dont neuf (9) iles étaient attribuées au Benin et seize (16) au Niger par la Cour Internationale de Justice. Seule l’ile de Lété était disputée. En effet, l’ile de Lété est l’une des plus grandes iles situées sur le fleuve Niger entre le Benin et le Niger. Cette ile s’étend sur une longueur de seize (16) kilomètres et quatre (4) kilomètres de large.
Et c’est le bornage de cette frontière de Lété qui était l’objet de conflit entre le Niger et le Benin, « raison pour laquelle, nous étions obligés de réaliser des cartes sur lesquelles nous allons porter la ligne frontière conformément à l’arrêt de la Cour Internationale de Justice » explique Adamou Hassoumi, secrétaire permanent pour la Commission Nationale des frontières au Niger.
Et à Adamou Hassoumi d’ajouter qu’il fallait former les personnes à la lecture de l’exploitation de ces cartes : « C’est apprendre aux acteurs frontaliers à manier le récepteur GPS pour pouvoir identifier les points frontières, créer les conditions d’une coopération transfrontalière pour que quand il y a un problème donné qu’ils se mettent ensemble pour pouvoir le résoudre ».
En effet, depuis janvier 2017, un Programme Frontière de l’Union Africaine (PFUA) a été créé par l’Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation panafricaine. Et ce programme vise à prévenir structurellement les conflits à travers la promotion de l’intégration régionale et continentale. Le programme vise aussi à vérifier à faire disparaitre toute tension de frontières et appuyer les relations pacifiques entre les Etats pour la paix et la sécurité.
Interview de Adamou Hassoumi
Rabi Assoumane Hamani