La mutilation génitale féminine est une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme. Cette pratique est beaucoup plus repandue en Afrique. Aujourd’hui dans le monde, c’est près de 200 millions de femmes et filles qui vivent avec ces mutilations, selon un article de l’UNFPA (fonds des nations unies pour la population) disponible ici.
Au Niger on retrouve cette pratique chez les groupes ethniques comme les Arabes, les Gourmantchés, les Peulhs et certains Zarmas selon Mr Amadou Moumouni Soumaila, chargé de programmes à l’ONG CONIPRAT (comité nigérien sur les pratiques traditionnelles ayant des effets sur la santé des femmes et des enfants)a l’occasion d’un forum du Studio Kalangou le 1er juin 2021 disponible ici. Selon toujours Mr Amadou Moumouni Soumaila, lors de l’enquête démographique en santé de 2006 le taux d’excision au Niger était de 2,2 % et de 2 % lors de celui de 2012, en 2017 il y a eu une nouvelle enquête dont les résultats n’ont pas été validé.
La mutilation génitale chez la femme
Il existe jusqu’à trois types de mutilation génitale, à savoir celle avec ablation du clitoris, celle avec ablation du clitoris et des petites lèvres, puis le troisième type appelé aussi infibulation qui consiste à retirer le clitoris, les petites lèvres et coudre les grandes lèvres entre elles en laissant uniquement une petite ouverture pour l’urine et le sang des règles.
Au Niger c’est la première forme qui est pratiquée. Bien que des personnes associent cette pratique à la religion, aucune religion ne recommande cela. Elle est basée sur d’anciennes traditions. Elle engendre des conséquences physiques et psychologiques.
Sur l’aspect santé physique, cette ablation conduit le plus souvent à des hémorragies et ces hémorragies non ou mal soignées peuvent causer la mort de la victime. En dehors du risque élevé d’hémorragie, il y a le risque de contraction des infections génitales qui peuvent conduire à la stérilité.
Du côté de sa féminité, une femme ayant subi des mutilations génitales ne peut ressentir du plaisir sexuel. C’est d’ailleurs le but recherché par les pratiquants : préserver la femme de la tentation sexuelle avant le mariage. Seulement, une fois mutilée, même après le mariage, la femme peut ne plus ressentir de plaisir.
Ces femmes rencontrent beaucoup de difficultés lors de l’accouchement, lorsqu’elles ne sont pas bien suivies. Elles risquent leur vie et celle de leur l’enfant. Elles deviennent vulnérables face à la fistule obstétricale, c’est pour cela qu’elles sont présentées comme des femmes à risque selon Mme Ganda Balkissa, présidente de l’association des sages-femmes de Niamey lors du même forum. Le témoignage de Mme Fati Mariko chanteuse nigérienne en dit long « dans mon enfance lorsque j’ai subi cela, c’était notre tradition et pour moi cela était normal, ma plaie avait cicatrisé et c’était passé. J’ai commencé à subir les conséquences liées à cette mutilation après mon mariage lorsque j’ai commencé a accouché, je peux faire jusqu’à 3 jours de travail et cela me faisait souffrir, et c’est en ce moment qu’une sage-femme m’a expliqué que cela était dû à mon excision ».
En dehors des aspects physiques, psychologiquement ces femmes, lors de cette mutilation, subissent de graves traumatismes qui se révèlent au fil du temps. Ces femmes parfois se sentent inférieures et diminuées.
La mutilation génitale féminine a survécu de génération en génération mais grâce à de multiples sensibilisations et de formations afin d’éveiller les consciences, elle est en voie de disparition.
Zeinabou Abdou Saidou