Le département d’Ayorou, région de Tillabery est un site touristique réputé au Niger, surtout à cause des nombreuses espèces aquatiques qui y ont élu domicile, parmi elles, les hippopotames.
Si ces mammifères imposants font la joie des visiteurs, la cohabitation avec les populations riveraines est des plus difficiles.
Cette année, non seulement les hippopotames ont détruit les champs, les rizières et les jardins potagers, mais ils se sont aussi attaqués aux hommes et aux animaux domestiques.
Mohamed Albachir, chef de canton d’Ayorou témoigne au micro de Studio Kalangou :
« Les hippopotames font beaucoup de dégâts, les paysans n’arrivent pas à faire de bonnes récoltes. Les propriétaires des pirogues voient leurs embarcations mises en pièces. Il y a même eu mort d’homme. On a eu vraiment des difficultés à les calmer.
Moctar Zourkalleini est le chef de village de Doulsou, explique que leurs attaques répétées empêchent même les évacuations sanitaires des iles :
« Nous vivons sur une ile et la nuit en cas de violente maladie, nous ne pouvons pas traverser le fleuve. Si c’est une maladie grave ou un accouchement et que par peur des hippopotames, on refuse l’évacuation, cela peut entrainer la mort du malade. Si vous prenez le risque de la traversée, les hippopotames peuvent tuer l’un d’entre vous. »
Pour se faire entendre des autorités concernées, les communautés de la zone ont organisé une marche le 9 mai dernier, mais Mohamed Albachir constate que cette initiative n’a rien donné :
« On a fait rentrer les responsables de la marche dans le bureau du préfet. On leur a donné des conseils. Ils ne sont pas calmés. Ils sont rentrés dans leur village et d’autres villages ont appris ce qui se passait. Et, ils s’en sont pris aux hippopotames »
Selon le chef de village de Koutougou, les populations ne comprennent pas le bien-fondé des mesures prises contre les pécheurs qui abattent des hippopotames pour protéger leur territoire. Mahamadou Ahadi Adam, chef du village de Koutougou affirme :
« Les hippopotames nous ont empêché de recueillir les produits de nos terres. Nous nous sommes plaints à plusieurs reprises aux autorités qui ne nous ont trouvé aucune solution jusqu’à présent. Ainsi avant-hier sans nous aviser, les pécheurs ont abattus un hippopotame à Ayerou et un autre a Firgoune. Ils ont été condamnés chacun à des amendes de 2 millions de francs cfa. »
Au total, quatre hippopotames ont été abattus; devant la gravité de la situation, les chefs traditionnels ont alors été sollicités pour une médiation entre les populations et les autorités.