Tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse est l’occasion de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse et d’évaluer l’exercice de cette liberté dans le monde entier.
Au Niger, l’édition 2017 est placée sous le thème « médias acteurs de la paix ».
La Maison de la presse, à Niamey a été le théâtre ce mercredi d’un échange à fleurets mouchetés entre professionnels du secteur des medias, et le représentant du gouvernement.
Le Président du conseil d’administration de la Maison de la presse, Ibrahim Harouna, est revenu sur la situation délicate de l’exercice de cette liberté au Niger :
« La situation de la liberté de la presse dans notre pays est caractérisé, a-t-il dit, par un paradoxe qui met en face le cadre juridique de l’exercice du métier de journaliste, une volonté politique au plus haut sommet de l’Etat concrétisée par la signature de la « Déclaration de la Montagne de la table » (Ndr : signée le 30 novembre 2011 par le Président de la République Issoufou Mahamadou, elle énonce la garantie que les journalistes ne seront pas privés de liberté pour des actes liés à l’exercice de leur métier) et des menaces de tout genre, des actes de violence physique et morale sur des journalistes et medias.
Le Président du conseil d’administration de la Maison de la presse, Ibrahim Harouna a ajouté :
« ….Nous avons enregistré, lors de manifestations scolaires et politiques, des images choquantes qu’on peut qualifier de comportement irresponsable des agents de forces de l’ordre à l’endroit des journalistes. D’autres part il nous est donné de constater une volonté claire de vouloir faire taire les voix discordantes. Une leçon peut être tirée de cette situation. Il ne suffit pas pour un régime de se déclarer démocratique pour l’être. Et celui qui affirme que la liberté de la presse est et sera respectée pour que ce but soit atteint. Le classement 2017 de RSF vient de confirmer la régression de notre pays en matière de liberté de la presse. »
Les autorités de tutelle, représentées ce mercredi par le secrétaire général adjoint du ministère de la communication, Sani Abdou, ont évidemment développé un autre point de vue :
« Nous considérons que les journalistes nigériens exercent librement leur métier », a déclaré Sani Abdou , « au regard de la qualité du cadre juridique et institutionnel voulu et mis en place par les plus hautes autorités de notre pays. Avec le concours de l’ensemble des acteurs concernés, il s’agit notamment de la loi qui dépénalise les délits par voie de presse et de la « Déclaration de la montagne de la table » signée par le Président de la République Issoufou Mahamadou.
Presqu’au moment où avait lieu cet échange, on apprenait que la demande de mise en liberté provisoire de Baba Alpha journaliste de la radio et télévision « Bonferey » avait été rejetée par le juge d’instruction du tribunal de Niamey, tandis qu’un autre prévenu, poursuivi pour avoir aidé Baba Alpha à établir frauduleusement sa nationalité bénéficiait d’une liberté provisoire.
Son avocat Maitre Mossi Boubacar a déclaré : « En droit, l’auteur principal, comme le complice, encourt la même sanction. Vous ne pouvez pas libérer un complice alors que son implication est incontestable. Cela met à nu l’intention, la vraie raison de ces poursuites qui n’est pas de réprimer un délit d’usage de faux mais de réprimer un journaliste qui a une ligne éditoriale qui ne s’accommode pas ……de la volonté du pouvoir. »