L’USN, l’Union des scolaires nigériens, a décidé, après deux jours de négociations avec le gouvernement, de suspendre son mot d’ordre de grève illimité. L’organisation syndicale a appelé à la reprise des cours pour le mardi prochain 28 avril.
Un terrain d’entente, autour des préalables posés par l’USN, a été trouvé par le comité directeur de l’union des scolaires nigériens et le gouvernement ; l’accord porte sur les critères d’octroi des bourses, le paiement des arriérés, et la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur la mort de l’étudiant Bagalé tombé le 10 avril suite aux échauffourées entre étudiants et forces de l’ordre.
Ousseini Amadou chargé à la presse de l‘USN a expliqué à Studio Kalangou :
« Ce qui nous a conduit au mouvement, c’est la question de l’aide sociale et des critères suicidaires que voulait instaurer le gouvernement. Ils sont revenus à de meilleurs sentiments ; ils ont renoncé à ces critères.
Mais, il y avait aussi le retard dans le paiement des bourses….. Le gouvernement a pris l’engagement de commencer le paiement dès demain. Même chose concernant les allocations, dont le paiement est prévu pour mardi….
Donc nous nous sommes dits : le mieux c’est de revenir aussi à de meilleurs sentiments comme eux (le font). Ils ont pu sursoir à l’application des décisions (qu’ils avaient prises ; donc, nous avons décidé, en tant qu’Union des scolaires du Niger, de suspendre le mot d’ordre de grève, provisoirement et ce à partir de mardi prochain 28 avril.
Le gouvernement a aussi accepté la création d’une commission d’enquête. L’USN aura cinq représentants, le gouvernement aura aussi cinq représentants. La CNDH (Commission nationale des droits de l’Homme), et la CND auront un représentant chacun.»
Jeudi après-midi, le Président de la république Isssoufou Mahamadou a reçu les parents de l’étudiant Malla Bagale tué au cours des évènements du 10 avril dernier au campus universitaire Abdou Moumouni de Niamey.
Enfin, Studio Kalangou a voulu savoir quelles leçons, la classe politique tirait de la crise estudiantine que vient de traverser le Niger.
Manzo Adamou du PNDS TARAYYA (le parti du président Mahamadou Issoufou) a déclaré :
« Nous regrettons…les évènements malheureux du …10 avril et nous déplorons la perte en vie humaine qu’on a enregistré. Les manifestations sur la voie publique sont règlementées par la loi. Il n’est pas normal que les scolaires sortent (sur la voie publique) sans préavis de grève, sans déclaration de manifestation. Parce qu’en le faisant, ils portent préjudice aux autres citoyens. Ils doivent comprendre qu’ils ont des droits, mais les autres citoyens ont (aussi) des droits.
Cela dit, l’encadrement des manifestations par les forces de l’ordre doit se faire dans le respect des lois et règlements de la République. Il n’est pas acceptable que les droits des étudiants ou de tout autre citoyen soient bafoués, violés de la façon (ndr comme ils l’ont été lors de la manifestation des étudiants). Cela nous le condamnons et nous le regrettons. »
De son côté, la jeunesse de l’opposition tient le Président de la république pour responsable de ces évènements. Ibrahim Bâna, porte-parole de la jeunesse de l’opposition a déclaré sur les ondes de Studio Kalangou :
« Les manifestations estudiantines et scolaires, partout dans le monde, n’obéissent pas au standard des manifestations que nous connaissons. Les étudiants (constituent) un groupe social qui est connu pour sa spontanéité. Si vous voulez que des élèves déposent une demande de manifestation partout dans le monde, y compris dans les vieilles démocraties, vous pouvez attendre longtemps.
Il appartient à l’Etat de faire en sorte que les manifestations (des scolaires), quel que soit leur spontanéité, soit encadrée ; il ne faut pas non plus mettre en face d’eux, une force aveugle de répression comme cela se fait, comme d’habitude. Cela ne peut déboucher que sur des drames.
Le maintien de l’ordre, c’est avant tout une technique de prévention et non pas de répression. Malheureusement, la manifestation s’est soldée par un mort, ce que l’opposition regrette, mais dont elle tient Issoufou Mahamadou en personne pour seul pour responsable. »