Le 7 Mars, la veille de la journée de la femme, Studio Kalangou a ouvert le dossier des mariages précoces au Niger dans le cadre de son émission Forum.
Au Niger, la tradition veut que l’on marie les filles de très bonne heure. Le mariage très tôt est une question d’honneur familial. Et, qui dit mariages précoces, dit grossesses précoces mais aussi, grossesses rapprochées.
Certes, l’âge requis par la loi pour marier sa fille au Niger est de 16 ans, mais la fille est souvent mariée dès l’âge de 12 ans. A l’âge de 16 ans, généralement, la moitié des filles sont mariées au Niger et certaines ont déjà leur premier enfant. Ainsi, certaines se retrouvent avec des coépouses dans des foyers polygames et face à des situations auxquelles elles ne sont pas du tout préparées physiquement et psychologiquement.
Mr Atmos Hassane, spécialiste en santé de la reproduction et ancien Directeur du centre national de santé de la reproduction CNSR, indique que « l’enquête de démographie et de santé de 2012, a montré qu’au Niger, l’acte médian au premier mariage est de 15 ans et l’âge médian à la première grossesse est de 16 ans. (…) Nous ne parlons plus de mariage précoce, mais de mariage d’enfant. »
Concernant l’âge légal du mariage des filles au Niger, Mr Mamoudou Idrissa, magistrat et vice-président du tribunal de grande instance de Diffa, explique que « (…) compte tenu de la colonisation et des aspects propres au Niger, il y a plusieurs lois qui coexistent. Il y a d’une part le droit coutumier et le droit moderne. (…) Du point de vu code civil, il est évident et entendu que la fille ne peut contracter mariage avant l’âge de 16 ans révolus. Mais du point de vue du droit coutumier, on assiste à une pratique de mariage un peu plutôt. Quelques fois, le mariage est célébré mais la consommation du mariage est retardée. (…) La jeune fille ne regagne pas le foyer conjugal, ou même si elle le fait, les devoirs conjugaux ne sont pas pratiqués.»
En dépit des lois qui fixent l’âge du mariage à 16 ans, Madame Moustapha Balkissa, de l’association Nigérienne pour le bien-être Familial L’ANBF et sage-femme, indique que dans son travail, elle « à l’habitude de voir des femmes de moins de 18 ans qui sont déjà à leur deuxième accouchement. La première grossesse est donc intervenue aux environs de 15 ans. Ce qui n’est pas sans conséquences pour l’organisme de cette femme, et sur celui de l’enfant qui va naitre de cette grossesse. »
Parmi ces conséquences elle cite, « (…) les dystocies (complications qui surviennent au moment de l’accouchement), la fistule vésicale vaginale, les ruptures utérines qui peuvent survenir et les disproportions céphalo pelviennes qui peuvent survenir, son bassin étant immature à l’accouchement. »
Selon Mr Atmos Hassane, il est possible de retarder la première grossesse, en maintenant la jeune fille à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans. « L’éducation étant la clé de tout développement, si on arrive à scolariser ces jeunes filles jusqu’à un certain âge, on aura beaucoup gagné. C’est l’un des espoirs sur lesquels nous comptons, le maintien de la fille à l’école jusqu’à 16 ans. »