Situé à 40 km de Gaya, la commune rurale de Malgorou possède un réseau hydraulique important, ce qui favorise l’agriculture, la pèche et l’élevage, activités principales de la population.
Avec la rareté des pluies, ces dernières années, l’agriculture traditionnelle seule ne permet pas d’assurer l’autosuffisance alimentaire de la population,
Aujourd’hui, cette population s’est retournée vers la culture de contre saison afin de joindre les deux bouts.
Mr Yahaya, la quarantaine, est cultivateur depuis son jeune âge; dans son jardin, il s’active à l’arrosage de ses jeunes plants de choux, tomate et poivrons.
Avec les pluies de plus en plus rares, Yahaya doit son salut à la culture de contre saison grâce à laquelle, il nourrit sa famille mais aussi, il dégage des surplus pour revendre sur le marché
« C’est avec ce travail là qu’on vit aujourd’hui, plus que l’agriculture traditionnelle, c’est avec ça qu’on vit. Par ce qu’on gagne beaucoup, la famille en profite, et tu amènes le reste au marché pour gagner parfois plus de 100 000 F. »
Il n’y a pas que les hommes qui pratiquent cette activité de culture de contre saison à Malgorou, les femmes se sont organisées en groupement dénommé ABIN KAY Dadin RAYUA
Madame Mariama Amadou en fait partie ; elle explique comment ce groupement a vu le jour et les bienfaits qu’elle en retire…..
« Nous nous sommes réunies un jour, puis nous sommes allées voir les agents de l’élevage et de l’agriculture. Ce sont eux qui nous ont conseillé. Nous nous sommes alors organisées en groupement. Et aujourd’hui Dieu merci. Même si tu as un mariage ou un baptême, tu as l’esprit tranquille ».
Pour la présidente de ce groupement, au-delà de son caractère alimentaire, cette activité est aussi génératrice de revenus, madame Halidou zeinabou souhaite obtenir, pour de bon, un terrain propre au groupement. Celui sur lequel ces femmes travaillent actuellement est à titre de prêt.
« On a eu des ONG qui nous ont aidé en matériel, des arrosoirs et quelques outils de cultures, c’est vraiment avec ça que nous vivons aujourd’hui. Parfois quand on rencontre des problèmes de ver de terre par exemple, on demande conseil à l’agriculture qui nous indique le chemin à suivre. Quand on vend on partage entre nous, le reste est mis à la caisse. Le grand problème que l’on a aujourd’hui c’est le terrain que nous n’avons pas. On demande vraiment à l autorité communale, de faire tout pour nous attribuer un terrain propre à nous, et en plus nous manquons de pompe pour l’irrigation ».
Mr Halidou, son mari part chaque année au Nigeria après la récolte. Il est fier du travail de sa femme. Selon lui, cela contribue significativement à la bonne marche de leur foyer. Il peut aujourd’hui quitter le pays sans aucune crainte, grâce aux efforts de sa femme, ses enfants ne manqueront de rien
« Vraiment avec cette activité qu’elle pratique, moi j’ai vu beaucoup de choses. Aujourd’hui, par exemple, elle n’a pas besoin de m’attendre pour faire fonctionner le foyer. Et quand un enfant est malade, si à l’école on leur demande quelque chose, c’est elle qui agit. Très franchement moi j’ai l’esprit tranquille même si je voyage, car je ne suis pas quelqu’un qui reste à la maison, je voyage beaucoup ».
Du côté de l’Etat, des officiels, la culture de contre saison est vue comme une activité à encourager.
Selon Mr Amadou Dan Tani, directeur régional de l’agriculture de Dosso, l’impact du changement climatique sur l agriculture traditionnelle est bien réel, il faut surtout utiliser des semis améliorés,
« De nos jours, l’agriculture traditionnelle est insuffisante. Elle ne peut pas assurer l’autosuffisance alimentaire de nos populations, mais il faut surtout utiliser des semis améliorés. Il y a des semis qui peuvent donner en moins de deux mois ».
La culture de contre saison est bien une riposte au changement climatique ; elle permet d’assurer l’autosuffisance alimentaire de notre pays, la population de Malgorou l’a compris et ne demande qu’à être accompagnée.
Daouda Hassane