Récemment, le Programme PDEV II (Paix à travers le développement) l‟USAID) a organisé, dans la ville de Maradi, une formation aux réseaux sociaux à l’intention des leaders religieux. Objectif : aider ces derniers à lutter contre l’extrémisme religieux. Massaoudou Ibrahim, chargé de programme principal du PDEV II a expliqué au Studio Kalangou le pourquoi de cette démarche.
Massaoudou Ibrahim
« L’extrémisme violent c’est un état d’esprit qui se manifeste chez un individu pour, soit des raisons idéologiques, soit politiques et/ou religieuses. Il effectue un tournant soit individuel soit collectif vers l’extrémisme violent.
Ces individus pensent qu’en utilisant la violence ils peuvent transformer d’autres personnes ou des communautés entières afin que ces dernières répondent à leur aspirations politique, idéologique ou religieuse. L’utilisation de la violence tout azimut signifie simplement que les individus ou les groupes d’individus devenus extrémistes violents sont tout simplement des délinquants sociaux.
Vous parlez de lutter contre l’extrémisme violent à travers les réseaux sociaux, dites-nous pourquoi spécifiquement à travers ces canaux?
Massaoudou Ibrahim
Vous savez… il y a beaucoup de gens qui sont blottis derrière la religion et qui propagent de fausses informations à caractères religieuses. Pour corriger toutes ces faussetés, toutes ces propagandes qui ternissent l’image de la religion, il n’y a que les leaders religieux.
Mais les leaders religieux nigériens, dans leur grande majorité, méconnaissent l’outil informatique. Et, comme pour toute chose il y a un début, nous pensons qu’en commençant à les initier à l’utilisation de l’outil informatique et à la navigation sur Internet, ils découvriront ce que sont les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter. Ils sauront comment se connecter, comment chercher des informations, comment démentir toutes les informations mensongères et la propagande provenant des groupes extrémistes violents. Ils pourront diffuser la vraie information. Les leaders religieux, qui ont le savoir théologique, peuvent réduire les risques de propagation des idées extrémistes à travers Internet.
Donc l’outil informatique, pour vous, est important pour les ces leaders aujourd’hui?
Massaoudou Ibrahim
Tous les participants ont reconnu l’importance de l’internet et des medias sociaux aujourd’hui. Nous avons donc créé des profils Facebook pour tous ces leaders religieux que nous comptons mettre en réseau. A partir de ce moment, ils prennent des engagements forts afin d’être actifs sur le net dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme violent.
Cette option serait donc très efficace face à l’extrémisme violent ?
Massaoudou Ibrahim
Les groupes extrémistes violents utilisent tous les canaux de communication pour faire leur propagande. Et ils arrivent à convaincre des jeunes naïfs qu’ils endoctrinent au point où ces derniers soient capables d’égorger leurs propres parents.
Les leaders religieux font déjà de la sensibilisation traditionnelle contre l’extrémisme violent. Mais, le traditionnel ne suffit pas, les canaux de communication étant multiples aujourd’hui avec l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication, je pense que c’est un moyen qu’il faut avoir dans le cadre de la lutte contre ce fléau.
Existe-t-il un autre domaine dans lequel vous les avez formés afin de faire face à l’extrémisme violent?
Massaoudou Ibrahim
Nous avons formé ces leaders dans beaucoup d’autres domaines: l’enseignement de la tolérance et des prêches; les techniques de communications. Nous avons également formé les leaders religieux musulmans et chrétiens dans l’organisation de dialogue intra et inter religieux pour que les uns et les autres s’acceptent d’abord mutuellement.
* Le Programme PDEV II vise à promouvoir la stabilité et à accroître la résilience communautaire dans le Sahel. Son budget s’élève à 70 millions de dollars et il est d’une durée de cinq ans.