Des diplomates siégeant au conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies ont séjourné au Sahel ces dernières 72 heures. Arrivée samedi dans la capitale malienne, Bamako, cette délégation est co-dirigée par le nigérien, Abdou Abari, ambassadeur du Niger auprès des Nations Unies et son homologue français Nicolas de Rivière. Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, est également membre de cette délégation. Une délégation conduite par le représentant permanent du Kenya à l’ONU, M. Martin Kimani, président en exercice du conseil de sécurité pour le mois d’octobre.
L’étape malienne
À Bamako, il s’agissait pour les diplomates onusiens de s’enquérir auprès des autorités de la transition la situation socio-politique du Mali. Cette mission du conseil de sécurité « est venue pour écouter les autorités maliennes dans la meilleure manière dont on peut les soutenir et on discutera également de la question du processus de transition, conformément aux décisions qui ont été prises par la CEDEAO, de façon à accompagner la transition jusqu’à l’organisation d’élections » a déclaré Abdou Abari, ambassadeur du Niger auprès des Nations Unies à leur arrivée à Bamako.
Durant leur séjour au Mali, la délégation s’est entretenue successivement avec les autorités maliennes, la société civile ainsi que des représentants des groupes armés signataires de l’accord de paix en 2015.
Au sortir de la rencontre avec le Premier ministre, Choguel Maiga, les émissaires onusiens se sont dits « assurés et impressionnés par les arguments » donnés par le chef du gouvernement malien. La venue de la délégation du conseil de sécurité de l’ONU au Mali « aura un impact positif lorsqu’on discutera de cette question au Conseil » a déclaré Abdou Abari. Le diplomate nigérien n’a pas manqué de préciser que c’est à travers « le dialogue » que les positions maliennes rejoindront celles de la communauté internationale.
Pour sa part, le Premier ministre, Choguel Kokalla Maiga, a précisé que « les forces patriotiques qui sont à la tête de l’État n’ont d’autres agendas que celui du redressement du Mali, de faire les réformes nécessaires ».
Que penser de cette visite ?
La composition de la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU est une réaffirmation de la position de Paris selon Dr Aly Tounkara.
« Pour beaucoup d’analystes maliens, il s’agit pour cette visite de réaffirmer la position de la France quant au respect du calendrier électoral et de même également de celle du Niger » a confié au Studio Kalangou, le directeur du centre d’études sécuritaires et stratégiques au Sahel, Dr Aly Tounkara.
Selon Dr Aly Tounkara « cette délégation est venue légitimer la position qu’a prise la France vis-à-vis du Mali au lendemain du second coup d’Etat ».
La situation étant tendue entre Paris et Bamako sur le point sécuritaire ; cette visite va permettre de réchauffer les positions « connues et affichées à la fois de la part du Niger, au nom de la CEDEAO, et même de la part de la France en tant que partenaire du Mali » dans la lutte contre le terrorisme.
Passage de la délégation du Conseil de Sécurité de l’ONU à Niamey
Arrivée dimanche soir à Niamey, la délégation onusienne s’est entretenue avec le président nigérien, Mohamed Bazoum sur la situation au Niger et au Sahel. Pour Martin Kimani, le représentant permanent du Kenya à l’ONU, président en exercice du conseil de sécurité, il s’agit pour sa délégation de « comprendre la situation, savoir ce qui se passe au Sahel ». Aussi « comprendre l’expérience du Niger » sur cette thématique a-t-il précisé.
Il souligne qu’un peuple doit être uni « pour venir à bout des défis tel que le terrorisme qui touche le Sahel et l’ensemble de l’Afrique », et cela, en s’appuyant sur l’expérience démocratique nigérienne.
Outre les échanges portant sur les défis sécuritaires au Sahel, ceux humanitaires, de développement ainsi que ceux liés au changement climatique ont été évoqués.
Pour le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération du Niger, Massoudou Hassoumi, la mission onusienne « a été très utile pour le Niger, pour la visibilité de notre pays ». Et cela compte tenu du « regard positif que le monde porte » sur le Niger ainsi que pour les « efforts » que déploie le pays.
Interview de Dr Aly Tounkara réalisé par Moctar Hamadou
Faride BOUREIMA.