Le département de Dogondoutchi, région de Dosso enregistre des cas de péripneumonie contagieuse bovine (PPCB). Et cela depuis près d’un mois.
Au Niger, cette maladie est connue depuis plus d’une dizaine d’années par les services de l’élevage. Cette affection a été contrôlée grâce aux campagnes de vaccinations du cheptel.
Mais, cette fois-ci les foyers déclarés à Dogondouctchi sont dus au passage de transhumants « en provenance de l’Azawak » selon Dr Saadou Moussa, responsable du cabinet chargé de la vaccination du cheptel dans ledit département : « Ils sont passés dans le couloir de passage international ».
Une maladie dangereuse pour le cheptel, « il n’y a pas de soins curatifs ». La péripneumonie contagieuse bovine est présente le long de la frontière avec le Nigéria rapportent les éleveurs de la zone.
Selon Dr Issa Ibrahim Abdoulkarim, enseignant chercheur à l’université Boubacar Bâ de Tillabéry, cette affection sévit spécifiquement chez la race Goudali.
La proximité avec les animaux malades des transhumants peut contaminer ceux des éleveurs nigériens présents à Dogondoutchi.
Pour Dr Issa, « la transmission d’un animal à un autre nécessite un contact très étroit entre les deux animaux pour qu’ils puissent s’échanger la bactérie ».
La péripneumonie contagieuse chez des bovins
La PPCB est une maladie infectieuse et contagieuse qui touche principalement les bovidés ; elle est causée par un mycoplasme. C’est la Mycoplasma mycoides ssp. Mycoides. C’est elle qui provoque chez les bovins malades des lésions de pneumonie et de pleurésie.
Au Niger, cette maladie « affecte les gros ruminants, autrement dit les bovins » selon Dr Issa Ibrahim AbdoulKarim.
Chez l’animal, elle se traduit par « un essoufflement avec des troubles respiratoires » et lorsqu’on pratique une autopsie, on constate « des lésions au niveau des poumons ». Ainsi qu’une accumulation « fibrine » a expliqué Dr Issa Ibrahim AbdoulKarim. Par conséquent, les bovins non vaccinés « vont beaucoup en souffrir et vont dépérir au point de mourir ».
En plus des signes cliniques de la PPCB, l’animal se tient l’encolure basse et les pattes avant écartées.
Les pasteurs connaissent « très bien cette maladie », en haoussa ils l’appellent ‘‘ TSUTAR SÛÛHÉ’’ ce qui signifie une affection des poumons.
Dans le troupeau, l’on constate le plus souvent que l’animal atteint par la PPCB est toujours à la traine.
Parfois dit Dr Issa Ibrahim AbdoulKarim, il arrive que les transhumants « laisse l’animal qui est malade à défaut d’acquérir un boucher » pour acheter ce dernier.
La viande de l’animal atteint par la péripneumonie contagieuse bovine est consommable selon l’enseignant chercheur. « Il se trouve que la bactérie responsable de la PPCB n’a aucun effet sur l’organisme humain ». Il ajoute que sa consommation par l’homme ne présente pas de risque « de développer une quelconque maladie ».
Néanmoins, « la répugnance » peut conduire l’homme à ne pas consommer cette viande si elle présente « un mauvais caractère à vue d’œil… par rapport aux lésions qu’elle peut présenter ».
Le traitement de la maladie
Face à la péripneumonie contagieuse bovine, la meilleure solution demeure la vaccination explique Dr Issa Ibrahim AbdoulKarim. Le cheptel nigérien est vacciné, « chaque année l’Etat organise des campagnes de vaccination contre cette maladie ».
Aussitôt signalé, « nous avons eu des vaccins à partir de Niamey » en vue de protéger les animaux sains, a déclaré Dr Saadou Moussa.
Le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS) au Niger intervient également dans ce secteur en vaccinant contre « la PPCB mais aussi contre une autre maladie, la peste des petits ruminants (PPR) ».
En constatant des troubles respiratoires chez les bovins, les éleveurs procèdent le plus souvent à un traitement antibiotique sans savoir s’il s’agit de la PPCB ou d’une autre affection. Face à cela, peu d’information est remontée aux services vétérinaires centraux. Bien conduit, les traitements antibiotiques peuvent entrainer une guérison clinique et non une guérison bactériologique. Par conséquent, les animaux traités demeurent des sources potentielles de contamination. Sans traitement antibiotique, la mortalité peut atteindre 50 à 70 % des animaux malades.
L’utilisation non maîtrisée des antibiotiques peut conduire aussi à une augmentation du risque d’apparition d’une résistance.
Dr Saadou Moussa interviewé par Abdoul Aziz Dayouma
Dr Issa Ibrahim AbdoulKarim interviewé par Faride Boureima.
Faride BOUREIMA