L’économie nigérienne subit de plein fouet les effets combinés de multiples crises sécuritaire, alimentaire et sanitaire.
Dans ce contexte particulier, ces incidences impactent fortement sur les prix des produits de consommation. Ces chocs ont provoqué une augmentation atypique des prix des denrées alimentaires, pénalisant financièrement les ménages nigériens, notamment les plus vulnérables.
Depuis le déclenchement du conflit Russo-Ukrainien, la région du Sahel fortement dépendante des importations céréalières (blé) venant de ces deux Etats, a connu une augmentation des prix sur le marché sous régional. « C’est essentiellement le grenier mondial qui s’est enflammé et là, l’impact est évident » déclare le président de l’association pour la défense des droits des consommateurs, Mahamane Nouri. Une situation qui a ralenti « l’offre au niveau mondial ».
En outre, cette tension intervient dans un contexte où la pandémie de Covid-19 a perturbé les circuits commerciaux régionaux et mondiaux, provoquant une majoration des prix alimentaires. C’est ainsi que les cours internationaux des produits importés par les pays de l’union monétaire ouest-africaine (UMOA) ont enregistré une hausse de 26,4 % sur un an en janvier dernier. Ce qui a conduit certains Etats de l’union à restreindre les exportations de plusieurs denrées. L’on se rappelle encore de la décision du « Bénin et du Burkina Faso interdisant la sortie du maïs et du mil ainsi que d’autres céréales ». Le Niger est un marché de destination pour ces produits provenant de ces deux Etats.
En plus, au Niger les mauvaises conditions climatiques ont entrainé un déficit céréalier de 870 000 tonnes, soit une baisse de production de plus de 1,5 millions de tonnes par rapport à 2020. A cela se greffe la situation sécuritaire avec des déplacements des populations.
Le pouvoir d’achat de la population prend ainsi un coup estime Mahamane Nouri. « C’est à l’Etat d’intervenir pour voir quel mécanisme mettre en œuvre ?. Est-ce-qu’ il faut augmenter les salaires ? Est-ce-qu’il faut créer les conditions d’une subvention ? »
Des dispositions ont d’ores et déjà été prises par les autorités nigériennes afin que cette hausse des prix n’ait pas d’incidence sur la population. C’est ainsi que le gouvernement a décidé de baisser la taxe douanière sur le mil (3,5%), sur la farine également de l’ordre de 3,5 % et 17 % sur le sucre.
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Le président de l’association pour la défense des droits des consommateurs, Mahamane Nouri estime que, « ce n’est pas suffisant ». Il espère quand même que cela aura un impact sur les prix des marchés et « créer les conditions de disponibilité et stabilisation des prix ».
Selon le dernier bulletin (6 avril 2022) du système d’information des marchés agricoles du Niger (SIMA), les prix des céréales restent inchangés par rapport à la semaine précédente, hormis le mil qui a enregistré une hausse de 1 %. Cette situation s’explique entre autre par les mesures douanières prises, les distributions gratuites de vivres ainsi que la vente à prix modéré. Ce qui a permis sensiblement d’impacter les différents marchés de céréales du pays.
Mil | Sorgho | Maïs | Riz | |
Agadez | 32545 | 31595 | 31750 | 24400 |
diffa | 25707 | 22167 | 25080 | 24000 |
Dosso | 27778 | 27583 | 29111 | 21556 |
Maradi | 27067 | 25344 | 26817 | 23042 |
Tahoua | 29270 | 26421 | 28222 | 22050 |
Zinder | 28975 | 26508 | 27909 | 23000 |
Tillabéry | 31045 | 28050 | 27909 | 21409 |
Niamey | 30500 | 27456 | 27700 | 22000 |
Moyenne nationale | 29111 | 26853 | 28062 | 22682 |
Comparativement à 2021, à la même période, les prix des céréales ont connu une forte hausse dans toutes les régions du Niger. C’est ainsi donc que le mil a connu une hausse de 17 %, le sorgho 21 %, le maïs 18% et enfin 3 % pour le riz importé.
Le magazine du 6 avril 2022
Faride Boureima.