Au Niger, le gasoil se fait rare à la pompe

À Niamey tout comme à l’intérieur du pays, la pénurie de gasoil se fait sentir.

Les stations-service sont prises d’assaut par les motocyclistes et autres conducteurs de camions pour un éventuel ravitaillement. Une situation qui s’explique par des exportations frauduleuses de ce carburant vers le Nigeria explique Bio Abdramane. Il est le directeur de la communication de la société nigérienne d’exploitation des produits pétroliers, SONIDEP.  

« Depuis le 3 mai 2022, la SONIDEP ne prend aucun franc des clients à l’export. Nous avons attiré l’attention de l’Etat ; il faut arrêter cette forme de fraude inverse qui consiste à prendre du Niger, surtout le gasoil pour l’amener au Nigéria ». Certains pays voisins se ravitaillent dans les stations-service de Gaya, un département de la région de Dosso frontalier au Bénin et au Nigéria. « Tout le monde se rabat au Niger parce que le prix est bas chez nous d’où la pénurie » qui s’observe souligne Bio Abdramane.

Pour le directeur de la communication de la SONIDEP, « il faut arrêter cette ruée » sur Gaya ou encore « augmenter le prix du gasoil » pour décourager les fraudeurs.

En plus, la problématique du fuel lourd induit par la crise mondiale a amené la société nigérienne d’électricité, Nigelec, et la société « Istithmar West Africa » à abandonner ce combustible pour le gasoil. Afin qu’il n y ait pas de crise d’électricité, la SONIDEP a pris des dispositions. « Parmi les 46 camions citernes que nous utilisons pour la consommation interne et l’export… 10 citernes seront mises à la disposition » de ces deux sociétés.

A la pompe, l’attente est longue.

L’attente à la pompe

Dans certaines stations-service de Niamey, certains automobilistes attendent moteurs éteints dans leur véhicule, d’autres à l’ombre avant d’être servis. Une file de camions de transports de marchandises sur plus de cent mètres était visible le 6 juin dans une station-service du quartier, Cité du progrès de la capitale.

« Je cherche du gasoil depuis 3 heures du matin. Jusqu’ici, j’en ai pas eu » a déclaré un automobiliste rencontré par Studio Kalangou. Un autre se plaint de la limitation du nombre de bidon autorisée pour le gasoil.

À Zinder, les gérants de certaines stations-service passent par des rationnements afin d’éviter la rupture. « Avant le client, est servi selon la quantité dont il a besoin… S’il veut 200 litres de gasoil, on fournit 70 voire 100 litres ; et cela varie de la localité ou se rend le client ».

Dans la région de Dosso par contre, la vente frauduleuse du gasoil par certaines stations à destination du marché extérieur est interdite. Néanmoins, une dérogation est accordée aux « hôpitaux, les banques, les boulangeries » pour le ravitaillement des groupes électrogènes de ces institutions.

« Les ventes dans les fûts ou dans les bidons doivent faire l’objet d’une déclaration spéciale auprès des autorités compétentes » a confié Tahirou Sido, représentant de la direction régionale du pétrole à Dosso.

Face à cette situation, plusieurs dispositions ont été prises par les autorités nigériennes.

Suspension de l’exportation du gasoil

Depuis le 1^er juin 2022, les ministères du commerce et du pétrole ont suspendu l’exportation du gasoil. Une annonce faite dans un communiqué conjoint des deux ministères. Cette décision intervient suite à des spéculations sur les prix à la pompe et à l’exportation frauduleuse du gasoil.  

En effet,  la crise en Ukraine a entraîné l’augmentation du prix du baril du pétrole brut, qui est passé de 80 dollars en janvier 2022, à 118.11 dollars ce 7 juin, d’où une hausse substantielle des prix à la pompe dans la plupart des pays. 

Cependant, les prix restent inchangés au Niger malgré cette situation et cela rend le marché pétrolier nigérien très attractif auprès des consommateurs des pays voisins, selon les autorités.

Ainsi, pour sécuriser la consommation nationale, le Niger a réduit l’exportation du gasoil de 75% depuis le 03 mai 2022 et d’autres mesures ont été prises pour préserver et renforcer le stock de sécurité du pays.

les prix à la pompe restent inchangés, et en cas de non-respect de la décision, les contrevenants s’exposent à des sanctions, précise le communiqué des ministères du commerce et celui du pétrole.

• FR

Faride Boureima.