La menace persistante de l’ensablement des cours d’eau au Niger est un enjeu majeur face à l’urgence climatique.
Sixième grand pays africain en termes de superficie, les ¾ de son territoire sont désertiques. Malgré cette situation, les ressources hydriques du Niger sont importantes, notamment les eaux de surface. Ces dernières appartiennent au bassin du fleuve Niger à l’ouest et le bassin du Lac Tchad à l’est.
Aujourd’hui, les eaux de surface principalement les plans d’eaux sont menacés par l’ensablement. Les plans d’eau regroupent l’ensemble des mares, des étangs, des lacs et fleuves.
Planter au moins un arbre
Le 3 août 2022, la journée de célébration de la fête d’indépendance du Niger coïncide avec celle de la fête nationale de l’arbre.
Cette année, elle a été célébrée sous le thème : « Lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau : une voie pour le relèvement et la résilience des communautés locales ».
Une thématique pour laquelle, Mme Garama Saratou Rabiou, ministre de l’environnement, a invité la population nigérienne à « planter chacun, au moins un arbre ».
Mme Garama a ajouté que, « Aujourd’hui, plus que par le passé, il est de notre devoir à tous, en ville comme en campagne, d’envisager la protection et le maintien des cours et plans d’eau, afin de développer leur potentiel de productions »
« La préservation de ces écosystèmes et des services vitaux qu’ils fournissent aux populations devient une urgence », car elle constitue, « un levier sûr pour renforcer la résilience des communautés ». Et cela, dans ce contexte marqué par le « changement climatique et surtout de dégradation des conditions sécuritaires », a souligné la ministre de l’environnement du Niger.
Les populations vivant autour de ces écosystèmes pratiquent des activités agro-sylvo-pastorales et halieutiques.
Située dans le département de Gaya, la mare d’Albarkaizé subit de plein fouet les effets du changement climatique.
Mare ensablée d’Albarkaizé
La mare d’Albarkaizé, est reconnue pour la diversité d’espèces aquatiques dont elle regorge.
« C’est une mare qui regorge beaucoup de potentialités, que ce soit sur le plan des ressources aviaire et piscicole » a confié le Commandant Ousseini Harouna Souley à Ramatou Wanké correspondante de Studio Kalangou à Gaya.
Cette mare est tributaire de la crue du fleuve Niger, mais aujourd’hui, cette mare est menacée d’ensablement. « Avec l’ensablement du lit du fleuve, le lit de cette mare est beaucoup ensablé de telle sorte que sa quantité d’eau s’est considérablement réduite ».
Selon le commandant Ousseini, leurs services ont constaté un taux élevé de mortalité de poissons dans ladite mare. « Cette mortalité est due à la baisse de profondeur de l’eau … Le poisson vit avec l’oxygène et les fortes chaleurs observées cette année a réduit la quantité dissoute dans l’eau ». Ce qui a entraîné la mortalité des poissons.
Chaque année, principalement au mois de mai est organisée une campagne de pêche sur la mare d’Albarkaizé. « Cette année, on était obligé d’anticiper la pêche. Quand on était parti sur le terrain, la mare était ensablée, ensuite, il y a l’ensoleillement, le plan d’eau n’est pas profond » a déclaré le Commandant Blouédou Amadou, directeur départemental de l’environnement de Gaya au micro de Fhadel Alou.
Pour le directeur départemental de l’environnement de Gaya, l’ensablement des plans d’eau est provoqué par la pression anthropique ainsi que de façon naturelle. « Les gens sont en train de faire un déboisement énorme ».
« Ces coupes sont en train de se faire sur les bassins-versants et quand il pleut, il y aura des ruissellements ; ce qui fait que ces plans d’eau sont ensablés ».
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Comment sauver de l’ensablement les mares de Yaouri ?
Sauver la mare de Yaouri
La commune de Yaouri, dans le département de Kantché, regorge d’énormes potentialités en termes d’écosystème. Dans cette commune, 300 mares permanentes sont menacées de disparition. « Ces mares-là sont sujettes à des problèmes d’envahissement, soit par le vent ou par l’espèce envahissante appelée en hausa, kachalla ».
Selon le directeur départemental de Kantché, plusieurs activités sont prévues pour protéger ces centaines de mares. « Ces activités vont de la récupération des terres et surtout le faucardage au niveau de ces mares ». À ceux-là, s’ajoute le maraîchage, la régénération naturelle assistée dans les champs a expliqué le directeur départemental. « Ce sont des activités qui sont à prioriser ».
Les plans d’eau représentent un fort potentiel agricole et halieutique générant des ressources financières et alimentaires.
Faride BOUREIMA.