Marmite nigérienne est une communauté sur internet qui a plus de 30 000 membres sur Facebook qui se partage les recettes gastronomiques du Niger.
Avant de vous parler de cette communauté, il est important de faire une rétrospective. De quel passé parle-t-on ici ? Pas ce passé oublié mais celui qui nous oblige à garder jalousement notre histoire et à la perpétuer.
C’est histoire de la cuisine Nigérienne.
Regrouper les recettes
C’est au mois de juin 1982, que l’ouvrage sur les « spécialités gastronomiques nigériennes » et cuisines d’ailleurs sont publiées. Dans ce bouquin de 131 pages, plus d’une cinquantaine de recettes nigériennes y sont consignées.
Toutes sont des mets, des plats complets à base de céréales et de légumineuses.
À l’époque de la publication de cet ouvrage, le Niger ainsi que certains Etats, appelés « pays du tiers monde » sont confrontés aux problèmes de sécurité alimentaire. C’était en fait un moyen simple de lutte contre la malnutrition.
L’on se souvient encore de la chanson « doungouri Haourou » de Chaibou Ayorou, vantant les mérites nutritives du niébé. Une chanson des années 1980 en langue Zarma.
D’ailleurs, Dr Ari Toubo Ibrahim, vétérinaire, nouvelliste et passionné d’agriculture déclarait dans la préface de l’ouvrage,
« Cette première brochure (car nous espérons qu’il y en aura d’autres) ne prétend pas être exhaustive, loin s’en faut, mais ce sera un prélude à la limitation du gaspillage lors de la préparation culinaire et certes un instrument de lutte contre la malnutrition. »
À ce souhait ajoutait, Mme Amsou Maiga, « la santé commence à la maison a-t-on coutume de dire. Or une meilleure alimentation de la famille concourt efficacement à entretenir et promouvoir la santé ! Cette modeste brochure vous aidera à diversifier et améliorer vos repas. C’est l’objectif qu’elle vise. »
Un objectif qui refait surface sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, sur un tout autre concept. Partager sa culture culinaire, la faire connaître et la valoriser. C’est le concept de la marmite nigérienne.
Partager la marmite nigérienne
Hamidatou Illa Maïkoussoua, est une passionnée de la cuisine particulièrement celle du Niger. Elle est à l’origine de ce groupe Facebook qui regroupe 32 000 membres dont 20 000 sont des nigériens.
Pour Hamidatou, « tout peuple qui a une culture à forcement une cuisine qui lui est propre, qui fait partie de son patrimoine culinaire et identitaire et le Niger n’en fait pas exception ».
Bien qu’influencée par d’autres cuisines, la marmite nigérienne doit s’ouvrir au monde.
Au-delà de Facebook, le site web » marmite nigerienne est le portail de cet art culinaire. Une suite naturelle au recueil sur les « spécialités gastronomiques nigériennes » cité ci-haut.
Rares sont les nigériens qui ont connaissance de cet ouvrage. « On l’a retrouvé grâce à un membre de la communauté qui partageait régulièrement des recettes de ce livre qui nous l’a fourni » confit Hamidatou. Malheureusement toutes les recettes du Niger n’y sont pas représentées ce qui est à la base de ce projet communautaire. Les membres sont mis à contribution pour la mise à jour de ce recueil qui est un patrimoine culturel qu’il faut préserver.
À défaut de parcourir le vaste territoire nigérien pour recueillir les différentes recettes spécifiques aux différentes localités, un défi a été lancé. Un type de concours primé avec des prix allant de denrées alimentaires locales, du cash… « Ils soumettent des recettes complètes, avec des photos et éventuellement des vidéos » qui seront soumises à la communauté pour vote. La marmite gagnante sera non seulement primée mais aussi publiée sur le site web.
Au-delà des défis, le caractère social est toujours mis en avant tel que les plats solidaires, les défis sur les méthodes de conservations de produits alimentaires locaux.
Une quête perpétuelle de recherche et de conservation des recettes culinaires nigériennes est ainsi donc ouverte. L’actualisation de ce livre sera accompagnée par le Ministère de la santé du Niger mais aussi l’initiative 3N sur l’aspect nutritionnel de tous les plats.
On ne saura finir cet article sans faire un clin d’œil à un met très apprécié par la jeunesse nigérienne. C’est le DHH (Doungari Hari Hari) une soupe à base de haricot accompagné au besoin du pain ou de la farine de manioc, le Gari.
Sachez juste que le DHH Garni, c’est TOP !
Télécharger le recueil des recettes.
Faride Boureima.