Ouro Guéladio, plus de 10 000 personnes déplacées ont été contraintes de quitter leurs villages au cours de la semaine du 3 au 9 juillet 2023.
Au total, ce sont quelque 10 884 personnes, soit 1 570 ménages de neuf villages de la commune d’Ouro Guéladio qui ont fui les violences des groupes armés non-étatiques, GANES.
Des chiffres confirmés par les autorités départementales rapportent le bureau de coordination des affaires humanitaires des nations unies, OCHA.
Ces villages, Ourogou, Tamboujé, Windé bohal, Ouro Sori, Yerimadjo, Tchambpégoré, Diamoga, Ouro Sori fulbé et Laniol sont situés dans le département de Say, situé au cœur dans la zone dite des trois frontières.
« L’assassinat de deux personnes civiles dans la nuit du 3 au 4 juillet dans les villages de Ourogou et de Windé Bohal, assorti d’un ultimatum de 72 heures aux populations de quitter leurs villages a déclenché ces mouvements de populations. La psychose causée par ce double meurtre au sein des populations a également provoqué plusieurs déplacements préventifs. » apprend on dans un rapport d’OCHA.
Environ 1 212 ménages ont trouvé refuge dans le chef-lieu de la commune de Ouro Guéladio tandis que 327 ménages sont installés Torodi. 31 ménages sont dénombrés à Niamey.
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Les quelque 8 484 personnes déplacées, soit 1 212 ménages à Ouro Guéladio sont « pour l’essentiel hébergés dans des salles de classe de l’école primaire et du collège d’enseignement général de cette localité. D’autres déplacés sont accueillis dans des familles hôtes. »
Selon OCHA, « ces chiffres ont été confirmés par les services compétents du ministère de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes (MAH/GC) et la Mairie de Ouro Guéladio ».
À Niamey, témoignant au micro du Studio Kalangou, une des femmes déplacées déclare : « mon fils Haroun a été poignardé par ces hommes armés. C’est son grand frère qui est venu m’informer et le matin, on a retrouvé son cadavre avec trois blessures. Les assaillants nous ont donné un ultimatum de trois jours pour quitter, sinon, ce sera pire, c’est pourquoi nous avons quitté nos villages. »
Une seconde femme rappelle les circonstances dans lesquelles est intervenue leur fuite. « Ils sont venus la nuit et ils ont rassemblé tous les hommes à la mosquée ensuite, ils les ont tabassés et tués l’un entre eux ».
Pour cette femme, « le retour au village n’est pas facile parce qu’ils ont tué un parent et tabasser nos maris. Les mêmes personnes menacent de revenir pour massacrer tout celui qui restera dans le village. ». Avant de conclure, « le retour n’est plus possible. »
C’est à pied avec femmes et enfants, ainsi que des personnes âgées que certains ont fui pour venir à Niamey, a confié un déplacé au studio Kalangou. « Nous avons beaucoup souffert. Une femme a accouché en cours de route sans assistance médicale. »
« Nous avons laissé tout derrière nous. Nos greniers avec du mil, des sacs de céréales des volailles, des animaux. Les hommes armés nous ont menacés et volés plusieurs de nos bêtes » a lancé ce dernier.
« Nous voulons la paix et que l’Etat trouve une solution » conclut-il.
Selon OCHA, la situation humanitaire à Ouro Guéladio reste précaire.
Par Faride Boureima.