Au Niger, un coup d’État militaire a renversé les autorités au pouvoir. Cette situation tumultueuse a non seulement bouleversé le paysage politique du pays, mais a également modifié de manière significative le travail des journalistes sur le terrain. Dans ce contexte de crise, nous avons rencontré trois journalistes qui nous ont fait part de leurs expériences, de leurs stratégies d’adaptation et des défis auxquels ils sont confrontés.
Adapter au mieux son offre éditoriale
Les journalistes sur le terrain au Niger sont confrontés à une situation sans précédent. Ils doivent naviguer dans un environnement instable, où les règles du jeu ont été radicalement modifiées. Pourtant, malgré les obstacles, ils continuent d’effectuer leur travail avec résilience.
C’est ce qu’indique Seyni Amadou, rédacteur en chef et directeur de la radio et télévision privée Canal 3 Niger : « il y a une adaptation qu’il faut faire par rapport aux évènements […] depuis cette date (le 26 juillet) nous nous sommes réorganisés au niveau du programme et au niveau de la rédaction, nous avons installé des équipes qui sont en permanence pour suivre l’évolution de la situation sur le terrain » en mettant en place des éditions spéciales. Il rappelle également que les équipes déployées sur le terrain n’ont jusqu’ici pas été victimes d’agressions par les manifestants.
Pour certains médias, la dynamique habituelle continue, il n’y a pas de changement majeur dans les programmations journalières. C’est notamment le cas de la radio Alternative rapporte Maimouna Djado, la rédactrice en chef : « rien n’a changé, nous travaillons comme d’habitude, rien n’a bouleversé notre quotidien dans le travail ». La rédactrice en chef pense que « ce n’est pas le moment opportun pour changer un programme … on reste une radio citoyenne, nous sommes sur le terrain comme les autres journalistes. »
Des cas d’agression de journalistes rapportés
Malheureusement, le danger est une réalité constante pour ces journalistes. Certains d’entre eux ont rapporté des situations d’agression, illustrant ainsi l’ampleur des risques qu’ils prennent pour effectuer leur travail. Ces incidents soulignent la nécessité de protéger les journalistes et de garantir leur sécurité, afin qu’ils puissent continuer à exercer leur métier sans crainte de représailles.
Moustapha Abdourahmane Zongoma, directeur du groupe privé de radio télévision Bonferey indique que le 27 juillet, lors des manifestations ayant conduit les manifestants à incendier le siège du parti au pourvoir, un de ses journalistes a été violenté : « un de nos cameraman a été séquestré, son matériel de travail (la caméra) a été momentanément confisquée et partiellement endommagée.»
Heureusement, ce journaliste a pu être exfiltrer par d’autres manifestants biens intentionnés qui l’ont identifié en tant que journaliste.
Anne-Fleur Lespiaut, une journaliste française partie couvrir les manifestations du dimanche 30 juillet a également fait face à des manifestants hostiles. Heureusement « deux journalistes nous ont aidé à quitter les lieux en nous faisant passer pour la presse russe » a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.
#Niger: les sympathisants pro-putschistes demandent l’intervention de la Russie, le départ de la France au Niger. Deux manifestants nous ont aidé à quitter les lieux en nous faisant passer pour la presse russe. Un scénario qui rappelle la situation à bamako au Mali, puis au BF. pic.twitter.com/NVy0Ax98vK
— Lespiaut Anne-Fleur (@annefleurjo) July 30, 2023
Le coup d’État au Niger a créé un environnement de travail difficile et potentiellement dangereux pour les journalistes sur le terrain. Cependant, malgré les défis et les dangers, ces professionnels de l’information continuent d’effectuer leur travail.