13 mai 1991, 8 mai 2018. 27 ans après, elles posent sous l’objectifde Rafika Hama, une jeune collaboratrice du Studio Kalangou. Elles sont 5, actrices d’un des moments fondateurs de la lutte pour les droits politiques des femmes au Niger, la marche historique du 13 mai 1991, au cours de laquelle ces militantes engagées se sont levées pour réclamer la participation des femmes à la conférence nationale de juillet 1991. Ce sont Mmes Bayard ; Mounkaila, Kanta, Kondo et Amirou Hassane. Elles viennent juste de terminer l’enregistrement de la première émission d’une série que la rédaction du Studio Kalangou a décidé de consacrer aux droits des femmes et à l’égalité des genres, en différents cycles de dix épisodes.
Le premier cycle qui démarrera le 13 mai 2018, à l’occasion de la journée nationale de la femme nigérienne, est consacré au droit à la participation politique des femmes au Niger. A travers les portraits et les témoignages de ces femmes, nous expliquerons en 10 forums et 10 magazines hebdomadaires déclinés dans nos 5 langues de diffusion (français, zerma, haoussa, fulfulde et tamasheq) quels étaient leurs objectifs, quelles avancées politiques pour les femmes elles ont obtenues grâce à leur mobilisation, quels obstacles elles ont rencontrés et quel message elles adressent aux jeunes générations de femmes et d’hommes pour qu’eux aussi s’engagent. Cette transmission est d’autant plus importante qu’un Nigérien sur deux a moins de 15 ans.
Les femmes représentent la moitié de la population du Niger. Le discours des acteurs du développement souligne régulièrement la nécessité de donner aux femmes les moyens d’agir sur leur propre destin et dans leur communauté, à travers différentes stratégies d’autonomisation (politique, sociale, économique). Mais dans les faits, on en est encore loin. La loi sur le quota prévoit une participation féminine de 10% aux postes électifs et 25% aux postes de nomination. Ce quota a été rehaussé en 2014 à 15% de femmes élues mais le décret d’application n’est pas encore signé.
En ce mois de mai 2018, elles sont 29 députées sur 170, 7 ministres sur 42, 2 préfètes sur 67, et 7 maires sur 277. Evidemment, c’est beaucoup plus que l’unique députée femme qui a siégé pendant plusieurs mandatures à l’Assemblée nationale. Mais le quota, bien que modeste, n’est pas encore respecté. Ces inégalités se construisent dès la base, à l’école. 76% des filles âgées de 10 à 19 ans ne savent ni lire ni écrire.
Cette sous-représentation des femmes est également constatée au sein des médias, y compris dans le nôtre, au sein duquel nous avons fait une autocritique. Au regard de notre engagement à informer l’ensemble des citoyens du Niger et particulièrement ceux à qui l’on s’adresse le moins souvent et qui sont les plus marginalisés dans les médias, en majorité les femmes, il nous a paru important de nous lancer un défi : celui de produire plus régulièrement, et durablement, sur les thématiques « femmes ». Si l’on veut une société différente, plus égalitaire et davantage respectueuse des droits des femmes, nous devons montrer aussi une autre réalité, celle des femmes, illustres ou anonymes, qui œuvrent à la construction de leur communauté, et mettre en exergue les difficultés qu’elles rencontrent pour provoquer une prise de conscience, sans laquelle il ne saurait y avoir d’avancée.
La première série sur la participation politique démarrera par une édition spéciale diffusée le dimanche 13 mai à 17h sur l’ensemble du réseau des 34 radios partenaires du Studio Kalangou. Et ensuite, pendant deux mois, tous les lundis dès le 14 mai, nous proposerons un magazine dans chaque bulletin d’informations en cinq langues, et un forum en français. Les auditeurs pourront suivre ces mêmes forums en zerma et en haoussa tous les 15 jours, le samedi et le dimanche.
Pauline Bend