Á Lomé, le Niger se dit ouvert au dialogue

Les autorités togolaises ont organisé, les 21 et 22 octobre, le forum de Lomé pour la paix et la sécurité. Une initiative étroitement alignée sur leur stratégie diplomatique consistant à…
Á Lomé, le Niger se dit ouvert au dialogue
Le général Mohamed Boubacar Toumba, le 4 septembre 2023 à Niamey lors de la conférence de presse du Premier ministre Lamine Zeine, nommé par la junte - Photo par Ousmane Mamoudou, pour Studio Kalangou

Les autorités togolaises ont organisé, les 21 et 22 octobre, le forum de Lomé pour la paix et la sécurité. Une initiative étroitement alignée sur leur stratégie diplomatique consistant à favoriser le dialogue avec diverses juntes militaires au pouvoir en Afrique, notamment au Sahel.
Une approche nécessaire compte tenu des multiples coups d’État qui ont secoué le Sahel et qui ont eu pour effet de rompre la confiance entre les dirigeants régionaux et les militaires putschistes en place au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée.

Le Niger souhaite promouvoir le dialogue avec la Cédéao

Lors de ce forum, le général Mohamed Boubacar Toumba, ministre d’État ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation du Niger, a pris la parole pour évoquer les relations entre les autorités de Niamey et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). À cette occasion, le représentant de la junte nigérienne a affirmé être présent pour favoriser le dialogue.

Dans une interview accordée à Radio France Internationale, le général Toumba a commenté les sanctions qu’il estime sévères imposées par la CEDEAO à la suite du coup d’État militaire qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023. Il a notamment mis en avant les conséquences de ces sanctions sur le Niger, notamment la fermeture des frontières dès le 27 juillet, entraînant des pertes conséquentes pour le pays en termes de marchandises et d’activités commerciales.

Le général Toumba a critiqué la Cédéao en déclarant qu’elle avait fait fausse route dans son diagnostic et dans le choix des actions entreprises : « Les sanctions sont très dures, estime le général Mohamed Boubacar Toumba. Les premières heures, c’est quoi ? C’est la fermeture de la frontière dès le 27 juillet avec beaucoup de frets qui devraient venir des dépôts, qui n’ont pas pu avoir accès au Niger jusqu’à aujourd’hui. Beaucoup de denrées ont péri, beaucoup de commerçants ont perdu beaucoup d’argent dans cette affaire-là. Donc je pense qu’ils se sont trompés de diagnostic, ils se sont trompés de chemin ».

Appel à la solidarité plutôt qu’à une intervention militaire au Niger

Interrogé sur la possibilité d’une réconciliation entre les autorités nigériennes et la Cédéao, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation a répondu de manière affirmative, indiquant que leur disposition au dialogue était évidente. Lors de son intervention à Lomé, le général a également souligné la nécessité des différents appuis de la communauté internationale : « Nous voulons […] que la communauté internationale nous accompagne, mais pas de continuer à imposer ses sanctions qui sont vraiment d’une autre nature sur le Niger ».

Il a également évoqué le risque d’une éventuelle intervention militaire de la Cédéao en soulignant l’aspect périlleux pour l’organisation sous-régionale. Au lieu de cela, il a appelé à la solidarité de la Cédéao pour lutter contre les groupes terroristes, en soulignant l’importance stratégique du Niger en tant que « verrou, pour les pays du Golf » notamment, contre les menaces djihadistes.

Le Forum Paix et Sécurité de Lomé s’est achevé le dimanche 22 octobre 2023, il a rassemblé plus de 300 participants et donné naissance à la « Déclaration de Lomé sur les transitions politiques issues des coups d’État sur le continent ». Cette déclaration permettra d’éviter les coups d’Etats et d’aider les juntes militaires à sortir des états d’exception.