Au Niger particulièrement dans la région de Diffa vit le groupe ethnique appelé « kanuri« . La femme kanuri connue aussi sous le nom de « femme du Manga » est inlassablement identifiée de par sa coiffure faite de tresses très particulières et répandues. Mais cette pratique cultuelle de la femme kanouri est de moins en moins visible. Le modernisme aidant, seules quelques conservatrices se coiffent encore comme à l’ancienne.
Falmata, une jeune femme rencontrée chez une tresseuse à Diffa Koura, un quartier de la capitale du Manga fait partie de ces rares femmes accrochées à la tradition du terroir : « J’apprécie beaucoup cette tresse traditionnelle. Certes il y a des tresses modernes, mais je préfère encore les tresses classiques. En tant que femme kanouri je reste rattachée à nos valeurs culturelles ».
Au-delà de la beauté artistique, la tresse manga symbolise une forme d’expression pour les femmes. En ce sens qu’elle permet, de par les modèles de tresses, de distinguer la jeune fille de la femme mariée, mais aussi des femmes beaucoup plus âgées.
Amadou Djarama Mai Abari un retraité de Goudoumaria, localité située sur l’axe Zinder-Diffa, donne son avis : « Ce modèle de tresse kanouri appelé « kilayaskou » est composé de trois sillons. Il est fait avec un sillon rondelet en avant et de chaque côté. Ce modèle de tresse signifie que la fille n’est pas mariée. La tresse « tchangaldjam » prend la forme d’un képi un peu plus en hauteur, cela veut dire que la femme est à son âge mature ou divorcée. Le « dambou », est la tresse qui signifie que la femme a atteint un âge avancé 40 à 50 ans ou plus. Une jeune fille ne doit pas faire le model de tresse « dambou » ou « tchagaldjam »».
Pour lui, afin de conserver cette identité, une sensibilisation des femmes kanouri est recommandée, celle de renouer avec ces belles tresses.
La tresse manga reste un élément culturel important pour l’identité de la femme kanouri, mais aussi une richesse dans le patrimoine du Niger, en cette ère de renaissance culturelle.