À Arlit, dans l’extrême nord du Niger, l’uranium est exploité depuis l’année 1970 par le groupe français COGEMA (Compagnie générale des matières atomiques) devenu Areva en 2006 puis Orano en 2018. Si en 50 ans, l’exploitation de la mine à ciel ouvert et de celle souterraine nourrit beaucoup d’espoirs, elle crée aussi des frustrations portées par plusieurs rébellions des Touaregs qui réclament une meilleure répartition de ces richesses. Un autre aspect de cette activité qui passe sous silence, reste le danger invisible qu’est la radioactivité consécutive à l’extraction du minerai d’uranium et les déchets enfouis ça et là ou simplement jetés à même le sol.
Moustapha Alacen, président de l’ONG AGHR’IMANE basée à Arlit et active sur les questions environnementales explique au micro de Studio Kalangou qu’après 50 années d’exploitation, ces sociétés minières ont laissé à Arlit « ce que nous nous appelons la pollution durable…à peu près 50 millions de tonnes de stériles qui contiennent la radioactivité sont exposés ici à Arlit…il faut ajouter… d’autres stériles contaminés sortis de la mine, mais qui ne sont pas traités …si on ajoute tout ce tonnage, on approche facilement les 100 millions de tonnes qui sont exposés à l’air libre ».
Bien qu’invisible, la radioactivité peut avoir des conséquences sur la santé selon la nature, le niveau et la durée d’exposition aux rayonnements radioactifs. À Arlit, les risques de contamination sont multiples d’après Moustapha Alacen : « Vous avez plusieurs types de déchets comme le stérile qui est radioactif. Vous avez les rejets dans l’air et vous avez les matériaux récupérés par les gens et qu’ils utilisent comme matériaux de construction, vous avez aussi l’eau contaminée ».
Ce problème constitue aujourd’hui une préoccupation sanitaire et environnementale majeure dans le département d’Artlit et potentiellement dans les zones environnantes vu la quantité de stérile radioactif accumulée sur d’immenses verses comme celles situées en bordure de la carrière de SOMAÏR (Société des mines de l’Aïr).
À ce jour, Moustapha Alacen rappelle qu’il n’existe aucun plan de surveillance de ces déchets radioactifs, hors « il faut un observatoire de surveillance ». Pour le moment les responsables parlent d’un « réaménagement du site, mais on n’a pas encore un plan de traitement de ces déchets-là ».