A Gaya, au sud-ouest du Niger, l’on constate un phénomène nouveau : la prise d’aphrodisiaques tant chez les hommes que chez les femmes. Les autorités sanitaires du département ne disposent pas encore de statistiques sur la question. Cependant elles estiment que la prise de ces produits (en potions, en poudre ou en gélules) n’est pas sans conséquence sur la santé, selon le médecin chef du district sanitaire de Gaya.
De nos jours, cette tendance continue chez les femmes, elles semblent toujours à la recherche de nouveaux produits, pour accroitre leur libido ou le plaisir que reçoit leur partenaire. Selon elles ces produits les rendent douces comme témoignage Maimouna, une jeune femme trentenaire : «tous ces ingrédients (citron, moringa, gingembre) font de bons aphrodisiaques pour ton plaisir et celui de ton partenaire et en plus tu es tout le temps douce ». Hormis les alchimies qu’elles utilisent, dont parfois elles ne connaissent ni la provenance ni le contenu, elles en fabriquent également à base d’épices ou de plantes naturelles.
Si chez ces femmes, l’objectif recherché c’est d’abord la satisfaction du partenaire ; l’homme, lui, prend ces médicaments pour renforcer sa virilité, son endurance ou pour augmenter la taille de son membre. Il arrive aussi qu’ils les prennent à leur insu, administrés secrètement par leur femme.
Conséquences sur la santé
Cependant l’utilisation de ces produits n’est pas sans conséquence sur la santé. Docteur Saley Mamane, médecin chef du district sanitaire de Gaya expose ces conséquences : « malheureusement chez l’homme, ces orgasmes exagérés peuvent conduire à des érections incontrôlées qui peuvent aboutir à ce qu’on appelle priapisme (érection pathologique prolongée), l’organe sexuel masculin ne peut plus, en tout cas pendant un bon temps à lui seul, revenir à la normale… Il se met donc en érection permanente, et cela peut aboutir à une intervention chirurgicale… et le plus souvent, c’est la fin des fins parce que l’organe ne peut plus reprendre sa fonction normale ».
Côté femmes, la prise de ces produits est entrainée par le désir que ressentent certaines « de vouloir envoyer leurs partenaires au 7e ciel ou les faire pleurer de plaisir » comme elles aiment le dire. Or ces différents produits ont des conséquences sur leur santé et celle de leurs partenaires. Docteur Saley Mamane poursuit : « pour ce qui est donc de ces femmes, le plus souvent, elles mettent ces produits-là à l’intérieur du vagin, d’autres jusqu’au col de l’utérus, ce qui peut favoriser à moyen et long terme la survenue des cancers génitaux notamment le cancer du col de l’utérus et le cancer du vagin ».
Donc, il y a belle et bien des risques graves liés à utiliser des aphrodisiaques (aux provenances douteuses).
L’interview de Docteur Saley Mamane
Témoignage