Gârou, est une muraille construite en 1856 par le sultan Souleymane Dan Tanimoune à Birni, ancienne capitale du sultanat de Damagram (région de Zinder). Ce mur d’enceinte protégeait la ville de toutes attaques extérieures.
La forteresse court sur près de 7 kms de long. Aux environs des portes, elle atteint jusqu’à 10 m de hauteur sur 14 m de largeur. Faite de terre, la muraille aurait été construite, en un temps record, sur recommandation des marabouts et des chasseurs (qui détiennent des pouvoirs mystiques, d’ailleurs 3 jeunes filles et 4 corans y furent emmurés selon l’UNESCO. « … en moins de 3 mois, ils sont parvenus, quand même, à faire ce rempart-là. La dimension de Birni faisait à l’époque près de 70,000 ha » a confié le directeur du musée régional de Zinder, Mahaman Sani Abdou.
La gigantesque muraille d’antan protégeant la vieille ville comportait 7 grandes portes qui ont joué des rôles socio-économiques, culturels et religieux :
- 1- A l’ouest, la porte de Sankara.
- 2- Au sud-ouest, la porte de Cianciandi.
- 3- Au sud, la porte de Bawréwa.
- 4- Au sud-est, la porte de Murya.
- 5- Au nord-est, la porte de Badaawa.
- 6- Au nord/nord-est, la porte de Dan Ladi.
- 7- Au nord, la porte de Zongo.
Sur cette muraille se trouvait des arcades accueillant des archers qui défendaient la ville.
Une femme et des enfants à l’entrée d’une des 7 portes du Gârou / Musée Régional de Zinder
Aujourd’hui, cette bâtisse architecturale n’est que l’ombre d’elle-même. Attaqué de toutes parts par l’homme et confronté aux aléas du temps, le Gârou est aujourd’hui en ruine explique le directeur du musée régional de Zinder : « il n’y a que des ruines du Gârou ! Il n’y a plus rien maintenant ! Le Gârou a été rongé par les riverains parce qu’ils creusaient le mur pour remblayer leurs maisons ; c’est dommage. Le restant risque de tomber, ça va s’effondrer sous les fortes précipitations et avec le vent, l’érosion aussi ».
Les traces de ces vestiges sont encore visibles dans l’actuelle ville de Zinder aux alentours du complexe d’enseignement secondaire Barma Moustapha, mais si rien n’est fait les ruines restantes disparaitront à jamais poursuit-il : « avec de très fortes pluviométries, cas des inondations par exemple… on ne pourra plus sauver ce qui reste. »
Ruine de l’ancienne muraille de la vielle ville de Birni / Moustapaha Mahamane Sani / Studio Kalangou
Possible Réhabilitation pour la mémoire nationale
L’autorité nigérienne ambitionne d’inscrire la ville de Zinder au patrimoine mondial de l’UNESCO, les démarches sont déjà en cours.
Les maîtres maçons traditionnels, véritables architectes dépositaires du savoir-faire ancestral, peuvent reconstruire le Gârou dans ses dimensions premières selon Mahamane Sani Abdou. Surtout avec la présence du matériau (le banco).
L’intérêt scientifique et touristique
L’université de Zinder envoie régulièrement des étudiants en aménagement du territoire en stage sur des thématiques de recherches en lien avec le patrimoine culturel de la région. « Il y a aussi ceux de Tahoua qui viennent, la section tourisme de l’université de Tahoua. Nous les entretenons sur ce monument là et beaucoup d’autres édifices sur l’histoire du Damagram » a confié au Studio Kalangou le directeur du musée régional de Zinder.
Suscitant la curiosité des visiteurs, la visite des ruines du Gârou peut se faire auprès des guides du Sultanat.
Il existe d’autres sites historiques à Zinder, et dans tout le Niger. Mais la particularité de ce site est son caractère décoratif qu’on peut assimiler à certaines régions haoussa du nord Nigéria comme katsina et Kano.
Un enfant à l’entrée d’une des 7 portes du Gârou / Musée Régional de Zinder
L’interview du Directeur du musée régional de Zinder