Démocratie au Niger : Où en est-on 29 ans après la Conférence nationale souveraine ?

Le début des années 1990, marque le début de la démocratique au Niger. En effet, la conférence nationale souveraine, qui s’est tenue du 29 juillet au 3 novembre 1991 a…
Démocratie au Niger : Où en est-on 29 ans après la Conférence nationale souveraine ?
Palais du 29 juillet / CC- Faride Boureima / Studio Kalangou

Le début des années 1990, marque le début de la démocratique au Niger. En effet, la conférence nationale souveraine, qui s’est tenue du 29 juillet au 3 novembre 1991 a permis une transition démocratique concrétisée par l’élection en 1993, du premier président démocratiquement élu, Mahamane Ousmane.

Une transition intervenue après le décès, en 1987, du général Seyni Kountché, chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir à l’issue d’un coup d’État le 15 avril 1974.

La conférence nationale et le renouveau politique

À l’ouverture de la conférence nationale, le 29 juillet 1991, ce sont 1 200 délégués issus des unions syndicales, des scolaires, des patronats, des associations, du pouvoir et des partis politiques officiellement reconnus. Quatre-vingt-dix jours durant, l’avenir du pays est débattu par ces forces vives de la nation nigérienne. Dans l’acte fondamental du 30 juillet 1991: statuts et règlement intérieur, archives de la conférence nationale conservées aux Archives Nationales du Niger, on peut lire que: « la conférence nationale a pour attribution de faire un bilan des actions passées et en cours, dans tous les secteurs de la vie nationale, en vue d’en tirer les leçons et de dégager les responsabilités collectives et individuelles ; d’élaborer de nouvelles orientations sur la vie politique, économique et socioculturelle du pays pour la période de transition ; de dégager les nouvelles idées de droit sur la base desquelles seront élaborés la future constitution et les autres textes fondamentaux ; de fixer le calendrier électoral ; de mettre en place un gouvernement de transition ; de mettre en place un organe de contrôle et de suivi de l’exécution des décisions de la conférence nationale et de se pencher sur toutes autres questions d’intérêt national ». Dans le même document, le Général de brigade Ali Chaïbou, alors président de la République du Niger, indiquait que cette conférence « s’inscrit également dans les aspirations nouvelles des temps contemporains et constitue l’un des effets induits du vent de démocratie qui souffle avec tant de force sur l’Afrique et le reste du monde ».

La mort du Président Seyni Kountché a été le déclic amorçant le processus de transformation politique au Niger. Cette aspiration de la volonté collective pour la démocratisation effective a nécessité plusieurs étapes dont la mise en place du Haut Conseil de la République (HCR) et la désignation d’un Premier ministre.

Cependant, les propositions inhibées ou encore les problèmes d’exécution des décisions entérinées par le présidium ont assurément eu des conséquences sur l’image que se sont fait les nigériens de la conférence.

La décennie 1990 a été marquée par un bouleversement accentué par une crise économique et sécuritaire liée notamment à la rébellion touarègue. De plus, la dépréciation du franc FCA, et le niveau d’endettement du pays, ont contribué à fragiliser un peu plus les nouvelles institutions nigériennes.

Démocratisation au Niger

Au sortir de la conférence nationale souveraine, le parti unique d’État fait place au multipartisme au Niger. Signant l’entrée du pays dans le concert des nations démocratiques.

Selon Elisabeth Chérif, docteur en sciences politiques, la conférence nationale souveraine a suscité « beaucoup d’espoir pour un jeu démocratique pleinement pluraliste, une stabilité politique… Un processus de démocratisation que l’on peut dire qui a un bilan plutôt mitigé. Mitigé tant il y avait des acquis dans le processus mais qui présentent encore des défis, tant sur le plan politique qu’économique ».

Des années 1992 à ce jour, le Niger a enregistré cinq Républiques consécutives avec trois interruptions du processus démocratique, explique Elisabeth Chérif : « jusqu’à présent, aucun président élu n’a réussi à passer le témoin à un président élu démocratiquement. En même temps, il y avait eu 28 scrutins au total dont 19 qui ont été salués, y compris par la communauté internationale grâce à leur qualité et au consensus qu’ils ont su créer au sein de la classe politique à l’époque».

Ceci témoigne des avancées enregistrées dans le processus démocratique, même si des défis persistent toujours, dont le dialogue politique entre tous les acteurs.

L’enracinement durable de la démocratie au Niger a besoin de l’implication de tous les citoyens. C’est dans ce sens qu’Elisabeth Chérif explique : « il nous faudrait aussi dans nos pays cet engagement sans relâche, permanent, sans laxisme et surtout bien axé sur la quête de l’intérêt général, le bien commun. Il nous faudrait cet engagement-là de tous pour que nous puissions écrire de meilleures pages de la démocratie ici au Niger ».