Niger, la filière rizicole face aux défis

Le Sahel a souffert d’une grande sécheresse au milieu des années 1970, une situation qui a obligé les pays sahéliens à se tourner vers l’intensification des cultures irriguées dont le…
Niger, la filière rizicole face aux défis
Enfant travaillant dans les rizières. Près de Niamey. / Copyright : Marcel Crozet / OIT

Le Sahel a souffert d’une grande sécheresse au milieu des années 1970, une situation qui a obligé les pays sahéliens à se tourner vers l’intensification des cultures irriguées dont le riz. Et cela, par la réalisation des aménagements hydro agricoles. C’est ainsi que le Niger réalise 41 aménagements hydro agricoles représentant 8.706 ha emblavés sur les 24.000 ha de terre rizicultivables.

La place du riz dans la consommation céréalière au Niger

Parmi les principales céréales produites au Niger, le riz se classe en 3ème place après le mil et le sorgho ; non seulement sur le plan de la superficie mais également de la production. En 2018, le riz local ne représentait que 2 % de la production céréalière nationale. En revanche, le besoin en riz est passé de 257 434 tonnes en 2010 pour atteindre 435 150 tonnes en 2018, soit une augmentation de 2 215 tonnes en moyenne et par an.

Pour la période 2010-2017, la consommation de riz de la population était en moyenne de 18kg / an / habitant, elle est passée à 20,5kg / an / habitant en 2018. Face aux besoins sans cesse croissant de cette céréale, le Niger survit avec le riz d’importation. Ainsi, en 2018 c’est 526 000 tonnes de riz qui ont été importées contre 144 000 tonnes en 2010, soit plus de 3 fois plus. Selon une étude menée par l’AGRYMET (2006), il est estimé à 132.030 tonnes de riz paddy (riz brut) produits au Niger la même année (2006) dont 70.000 tonnes produites sur les aménagements hydro-agricoles.

Le développement de la filière rizicole au Niger

En mars 2020, s’est tenue à Niamey la troisième semaine de travail sur la révision de la Stratégie Nationale de Développement du riz au Niger (SNDR). Le document élaboré sert de cadre de référence pour l’émergence dudit secteur. L’objectif général est de : « contribuer à moyen terme à une augmentation durable de la production nationale de riz en quantité et en qualité, afin de répondre à long terme aux besoins et exigences des consommateurs, et exporter sur les marchés sous régional et international ». Pour l’atteinte des objectifs, il y va de la réforme du secteur ainsi que de l’intensification de la production pour atteindre 900.000 tonnes de riz paddy en 2023 et à l’horizon 2030 1.520.000 tonnes de riz paddy. Aussi, 19.000 ha de terre doivent être réhabilités en plus de l’aménagement de 50.000 autres hectares tout en améliorant les intrants pour la production.

Cependant, si la stratégie en cours d’élaboration n’est pas mise en œuvre, on observera un déficit de 445 000 tonnes en 2023 et ce déficit s’accroîtra en 2030 pour atteindre 648.000 tonnes pour 350 milliards de franc CFA. En somme, si la stratégie est exécutée le Niger atteindra l’autosuffisance en riz en 2023 avec un stock de sécurité de 39.358 tonnes et en 2030 avec 248.700 tonnes.

A noter qu’il faudrait 1,182 milliards de franc CFA d’investissement pour la mise en œuvre de ladite stratégie dont les effets s’observeront sur la vie socio-économique du Niger.

Un riz adapté pour le climat nigérien

Selon les observations satellitaires par Sentinel-2 acquise le 5 septembre 2020 sur les régions de Niamey et de Tillabéri, il ressort qu’environ 60 km2 de terres semblent être inondées. Au Niger, tous les aménagements hydro-agricoles sont situés en lisière du fleuve Niger et, ces derniers ont tous été inondés. A Niamey, c’est près de 5 500 ha qui ont été envahis lors des récentes inondations des mois d’août-septembre 2020.

« Dans les années 2000, il y avait une soixantaine de lignés NERICA qui ont été introduites ici au Niger par l’INRAN (institut de recherche agronomique du Niger). On a pu homologuer deux NERICA en 2004-2009 ; NERICA L-39 et L-49. Ce sont des variétés qui s’adaptent à ses écologies ; là où il y a une immersion profonde ; là où il y a un problème d’inondation » a expliqué Dr Sido Amir Yacouba, chercheur à l’institut national de la recherche agronomique du Niger. Les différentes évaluations effectuées sur cette variété de riz ont permis son acceptation par le milieu agronomique ainsi que par les riziculteurs explique Dr Sido Amir Yacouba « les paysans eux mêmes les ont sélectionnés, ça veut dire qu’ils répondent aux désidératas de ces producteurs ». Il poursuit : « ça fait maintenant 15 ans, on a tellement fait de tapage médiatique sur ces deux NERICA ».

L’utilisation de cette variété de riz est fonction des besoins et de l’appréciation par le producteur « un moment, ils vont dire qu’ils veulent des variétés qui sont productives, un moment ils vont dire qu’ils veulent des variétés qui ne sont pas collantes » nous a confié Dr Sido Amir Yacouba, chercheur à l’institut national de la recherche agronomique du Niger. La forte teneur en amylose fait en sorte que le NERICA colle et la communauté locale préfère consommer les variétés de riz non collantes selon Dr Sido Amir Yacouba, qui conclut néanmoins en insistant sur l’extraordinaire adaptation de cette variété au milieu écologique du Niger, même si ce riz ne fait pas le « deuxième feu » : le réchauffé du lendemain.