La violence sexiste « Sexiste signifie une attitude discriminatoire fondée sur le sexe ou par extension sur le genre. Quand on parle de violences sexistes, c’est toute action physique ou psychologique accomplie pour obliger ou contraindre quelqu’un à faire ou à ne pas faire quelque chose, ou à subir une infraction. C’est ce qu’on appelle dans le jargon courant au Niger VBG, violences basées sur le genre » nous précise le magistrat Abatcha Abdoulkader, juge des mineurs au tribunal de grande instance de Zinder –
La violence sexuelle ou sexiste est une violation des droits de l’homme, privant la personne humaine de sa dignité et elle est préjudiciable au développement humain.
Au Niger, la question du respect de la dignité humaine est prise en compte dans l’article 8 de la constitution nigérienne qui, stipule : « – La République du Niger est un Etat de droit. Elle assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction de sexe, d’origine sociale, raciale, ethnique ou religieuse. Elle respecte et protège toutes les croyances. Aucune religion, aucune croyance ne peut s’arroger le pouvoir politique ni s’immiscer dans les affaires de l’Etat. Toute propagande particulariste de caractère régionaliste, raciale ou ethnique, toute manifestation de discrimination raciale, sociale, sexiste, ethnique, politique ou religieuse sont punies par la loi. »
Les violences sexistes sont principalement « les atteintes aux mœurs, dans lesquelles on peut classer, le viol, l’attentat à la pudeur, le harcèlement sexuel dans les rapports entre employeur et employé » a expliqué le magistrat Abatcha Abdoulkader, juge des mineurs au tribunal de grande instance de Zinder. La loi sur la cybercriminalité prend en compte l’exploitation sexuelle des mineurs dans la pornographie, par exemple, a ajouté le magistrat.
Aussi, pour le magistrat Abatcha Abdoulkader, les violences sexistes peuvent engendrer des chocs psychologiques, la contraction des maladies sexuellement transmissibles lors d’un viol ainsi qu’une grossesse non désirée à fort impact social. Les enfants issus d’un viol peuvent également être stigmatisés. La sensibilisation reste un des seuls moyens de prévention pour freiner les violences sexistes.
En cas de violence sexiste, la dénonciation permet la poursuite judiciaire ou pénale « quand c’est sue, il faut poursuivre les gens, les juger, les condamner à la peine qu’ils méritent » a expliqué le magistrat Abatcha Abdoulkader. Celles-ci peuvent se faire en saisissant « la police, la gendarmerie et même la garde nationale ou à défaut les associations des droits de l’homme, de la femme et des enfants, ou bien venir directement au tribunal dénoncer les faits au procureur ». Si les charges sont suffisantes, le procureur va approfondir l’enquête à travers une information judiciaire, ce qui peut aboutir à un jugement et une condamnation, conclut Abatcha Abdoulkader, juge des mineurs au tribunal de grande instance de Zinder.
Violences basées sur le genre : cas d’étude
Dans une étude menée dans les régions de Tahoua-Agadez en 2006 et Maradi-Dosso en 2007 par OXFAM elle met en exergue un regain des violences basées sur le genre, mettant à jour des violences physiques, sexuelles et conjugales.
En 2015, la première étude nationale sur « l’ampleur et les déterminants des VBG au Niger » est initiée par l’UNFPA en partenariat avec le ministère de la Population, de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant. Cette première étude fait ressortir un taux de prévalence nationale de 28,4 % des violences basées sur le genre de tous types et de sexes confondus. On dénombre six types d’ordre de VBG (Violences basées sur le genre) touchant toutes les catégories de la population qui sont : politique, économique, socio-culturel, psychologique, physique et sexuel. Il faut noter que 60 % des personnes les plus touchées sont les femmes et les adolescents. Un phénomène qui a amené l’Etat du Niger à élaborer une Stratégie Nationale de Prévention et de Réponse aux Violences Basées sur le Genre avec pour objectif de « Réduire le taux de prévalence des Violences Basées sur le Genre au Niger de 28,4 % à 15,4 %, d’ici 2021. »
Le magazine du mardi 12 janvier 2021