Niamey face à plusieurs cas de grippe aviaire hautement pathogène

A la mi-février, le point focal de l’organisation mondiale de la santé animale a signalé deux foyers d’apparition de grippe aviaire dans la capitale nigérienne, Niamey, à savoir à Karadjé…
Niamey face à plusieurs cas de grippe aviaire hautement pathogène
Deux poulets sortent la tête de leurs cages à la ferme avicole somalienne de Mogadiscio, en Somalie, le 15 avril 2018. Photo ONU / Tobin Jones / Source : iwaria.com

A la mi-février, le point focal de l’organisation mondiale de la santé animale a signalé deux foyers d’apparition de grippe aviaire dans la capitale nigérienne, Niamey, à savoir à Karadjé et à Saguia, respectivement le 17 et le 25 février 2021. Début mars, le laboratoire national Labocel a confirmé ces cas.

Les deux foyers ont été rapidement mis sous surveillance par la Direction Générale des Service Vétérinaires du Niger. Au moins 2 autres cas ont été enregistrés depuis, dont un faiblement pathogène, nous apprend le directeur général des services vétérinaires du Niger, Dr Abdou Issiakou interrogé par le 25 mars par le Studio Kalangou.

Au départ ce sont 20 poules sur 40 de la race Brahma qui ont été retrouvées sans vie dans la basse-cour de Karadjé. Et 200 poules de race Isa Brown mortes sur les 28 000 poules pondeuses d’un foyer du centre de Saguia.

Le cas de Saguia : la ferme Avi Niger

Avi Niger, une ferme jouissant d’équipements modernes, fait partie des foyers apparus, à Saguia. Le 2 mars, les autorités sanitaires leur apportent la confirmation que le centre est infecté par « la grippe aviaire hautement pathogène, donc la H5N1… C’est la grippe la plus dangereuse que l’on puisse avoir dans le monde avicole » selon Guy Van Kesteren le directeur de la ferme. A partir du 25 février, les mortalités sont allées crescendo, jusqu’à 100 poules par jour.

Le bilan est lourd pour Avi Niger, qui a enregistré 100 % 100 de pertes en moins d’un mois de la confirmation des cas, « 150 000 poules pondeuses ont été contaminées par cette grippe aviaire. Donc, à l’heure où je vous parle, il n y a plus de volaille sur cette ferme. Tout est vide », confie l’exploitant. La ferme est actuellement en arrêt, avec des conséquences financières évidentes. Le directeur poursuit « C’est une jeune entreprise, on vient d’investir 4 milliaires de F CFA dans cette ferme. La valeur comptable de ces poules est de l’ordre de 490 millions de F CFA. ». Quant au manque à gagner si l’inactivité du centre perdure, il peut s’élever à plus d’1 milliard de F CFA selon Guy Van Kesteren.

Les mesures sanitaires prises par l’Etat

Pour Dr Souley Ahmad, directeur des inspections vétérinaires de la Direction Nationale des Services Vétérinaires, l’Etat joue déjà son rôle, en détruisant les cadavres des poulets, en désinfectant les lieux infectés, et en les maintenant sous surveillance. Et il précise « qu’en fonction de l’évolution, il est possible de prendre des dispositions pour protéger la ville de Niamey. ».

Les directions de l’élevage du pays, avec leurs services vétérinaires, sont désormais en alerte. C’est le cas de Maradi où Dr Mahamane Amadou Soumaila, le directeur régional de l’élevage, a déclaré le 16 mars au Studio Kalangou, qu’aucun cas n’a encore été enregistré dans sa région. Il rappelle l’existence de l’arrêté de 2015 règlementant l’apport des produits aviaires.

Les cas de grippe aviaire apparus à Niamey ont conduit la direction régionale de l’élevage de Maradi a réactivé la surveillance des entrées aviaires notamment à la frontière du Nigéria.

Selon plusieurs observateurs, les récents cas de grippe aviaire qui frappent la capitale viendraient des apports frauduleux des frontières poreuses du Nigéria.

Comment préserver son poulailler ou son centre avicole en cas de déclaration de la grippe aviaire ?

Les éleveurs avicoles, amateurs comme professionnels doivent être très vigilants. Dès l’apparition d’un cas suspect, prévenir le service vétérinaire le plus proche. Dr Sahabi Barté, vétérinaire à la retraite, rappelle qu’il existe dans chaque commune de Niamey et également au niveau de chaque région, un service vétérinaire où s’adresser en cas de cas suspect. Le service fait les prélèvements et les apporte au laboratoire national, le Labocel. Ce laboratoire travaille en réseau avec des laboratoires internationaux certifiés par l’organisation mondiale de la santé animale. Ces services vétérinaires disséminés un peu partout opèrent gratuitement.

Appel à la population

Le Directeur Général des Services Vétérinaires, Dr Abdou Issiakou, exhorte la population à bien cuire la volaille et les œufs avant de les consommer. Et ceci pour éviter tout risque de contamination.

 

Talatah Abdou Bahar