En ce début d’année, la rédaction de Studio Kalangou consacre son Forum quotidien à une analyse des principaux dossiers de l’actualité nationale nigérienne. Il s’agit pendant 45 minutes de dresser le bilan de l’année 2016 et d’esquisser des perspectives pour l’année nouvelle.
Le 1er numéro de cette édition spéciale de Forum de Studio Kalangou est consacré à la thématique de l’Education.
Invités de cette émission :
-Issoufou Mai Hassane, directeur départemental à Filingué
– Kassoum Issa, secrétaire général adjoint du ministère de l’Enseignement secondaire
– Abdou Mamane Lokoko, coordonnateur du réseau de l’organisation du secteur de l’éducation au Niger (ROSEN)
– Mounkaila Halidou, du SYNACEB
– Mounkaila Djibo Abdoul Razak, représentant de l’USN
Parmi les questions évoquées au cours de cette émission, celle du niveau de l’enseignement au Niger.
Morceaux choisis
Moukaila Halidou, du SYNACEB : « Aujourd’hui, la mauvaise qualité du système éducatif nigérien se constate au niveau des jeunes apprenants. Vous allez dans les collèges, les lycées, vous trouverez très difficilement de jeunes scolaires qui peuvent tenir une conversation, ne serait-ce que d’une minute, en français ? Maintenant qu’est ce qui fait cette mauvaise qualité de l’éducation ? Ce n’est pas lié aux enseignants, ce n’est pas lié aux contractuels dont on parle beaucoup.
Lorsque le président (de la République) parle de réforme, d’élèves maitres, ça veut dire que même la formation laisse à désirer aujourd’hui.
Qui va dans les Ecoles Normales d’instituteurs ? Comment est-ce que la formation au niveau des ENI se passe ? Là ce sont des questions, ce sont des interrogations. »
Mounkaila Djibo Abdoul Razak, représentant de l’USN : « La responsabilité elle est partagée au niveau de l’ensemble des composantes de l’école nigérienne. Aujourd’hui nous ne pouvons pas faire porter seulement la responsabilité de cette mauvaise qualité sur l’état. Nous en tant que scolaire, nous avons notre part de responsabilité.
La responsabilité qui peut être mise sur le compte des scolaires, c’est parfois le fait d’arrêter les cours. Mais ce sont des choses que nous ne faisons pas de manière voulue.
Nous le faisons par ce que les conditions minimales d’études et d’enseignement ne nous ont pas été données. Nous ne voulons pas arrêter les cours, nous ne voulons pas suspendre les activités académiques pour rien.
Abdou Mamane Lokoko, coordonnateur du réseau de l’organisation du secteur de l’éducation au Niger (ROSEN) : « Déjà en 2007, lors de l’évaluation à mi-parcours des OMD (Objectif du millénaire du développement », le ROSEN a initié une étude sur la qualité de l’éducation, qui a été complété en 2013. Nous avons fait le constat que la qualité n’était que de 1,57%.
Ce que nous constatons, ce sont d’abord les perturbations, les années scolaires ne sont plus des années de 9 mois. Ce sont des années « rabâchées », de 4, 5, ou 6 mois. Donc il y a beaucoup de déperdition, ….
Maintenant il faut aller vers la qualité. Comment ? D’abord il faut former les enseignants. Il faut qu’il y ait des enseignants de qualité.
Deuxièmement, l’Etat doit renforcer la formation continue. Il faut qu’il y ait un encadrement. Il faut que l’enseignant soit, de temps en temps, suivi.
Le chef de l’Etat a parlé de l’introduction des langues nationales. Si vraiment on peut arriver à maitriser ce « curricula », nous pensons que ça peut booster notre système éducatif.
Kassoum Issa, secrétaire général adjoint du ministère de l’enseignement secondaire : « Depuis que nous sommes jeunes, nous entendons la même chanson, « l’école est malade ». Sur des générations, on a entendu que l’école est malade, et sur des générations, il y a eu des gestionnaires de cette école. Et sur des générations, personne n‘a assumé la responsabilité de cette maladie. Nous aujourd’hui nous sommes responsables de la gestion du système.
Pendant toutes ces années de « double flux », pendant ces années durant lesquelles les portes de l’école normale supérieure qui était l’école supérieure de pédagogie sont restées fermées, le Niger a fait le choix de ne plus former d’enseignants et ça pendant près d’une dizaine d’années.
On s’est retrouvé avec quelques rares collèges dans quelques rares départements du Niger et dans quelques rares arrondissements. Les lycées ont été spécialement plaqués au niveau des chefs-lieux des régions.
Nous avons dormi jusqu’aux années de crise 90. On ne construisait pas, il n’y avait même pas un programme d’infrastructures scolaires, les « samarias », (des structures traditionnelles associatives regroupant des jeunes filles et garçons au niveau d’un village)…construisaient les écoles.
Et les écoles étaient concentrées. Nous nous sommes retrouvés avec les crises des années 90, on ne pouvait plus rien investir, c’était les années blanches.
7 ans après, on nous dit que le monde veut revenir au chevet de l’éducation, qu’il faut faire de l’éducation pour tous.