A Agadez au nord du pays, les migrants qui partent en direction des pays du Maghreb et de l’Europe sont logés dans des maisons privées appelées « ghetto » Tarnane Foudai Ahmed a visité l’un de ces ghetto.
Voici son récit
Nous sommes à la lisière sud de la ville : la concession, ou comme on dit ici la cour, fait à peine 400 m2; on y trouve une petite chambre et un hangar en paillotte dont les murs sont construits en banco.
Les occupants sont tous des candidats à la migration : certains attendent longtemps, deux semaines ou parfois plus, dans la clandestinité que leur passeur qui est aussi leur logeur, les emmène vers Dirkou, dernière étape avant la Libye.
Ici dans le ghetto, les conditions d’hébergement sont plus que rudes : certains de ces migrants dorment à même le sol à la merci des piqures des scorpions. Il y a bien des toilettes, mais qui souffrent de manque d’entretien. D’ailleurs, au milieu de la cour sous un arbre, sont installé deux canaris et un bidon de 25 litres, mais ils ne sont alimentés que deux fois par jour. Miriam, originaire de Serrekunda en Gambie s’indigne de la promiscuité entre hommes et femmes dans cette petite chambre, sans électricité, qui n’a qu’une seule fenêtre.
Ces conditions de vie difficiles n’empêchent pas certains de faire des affaires ; Kabirou est « tablier » ; c’est-à-dire qu’il vend au détail tous ce qui peut améliorer la vie quotidienne. L’arrivée de ces migrants dans son quartier lui a permis d’augmenter son chiffre d’affaires. Même aubaine pour Emmanuel un nigérian ; il gagne un petit peu d’argent grâce au petit panneau solaire portable qu’il a acheté ; cela lui permet de recharger les batteries des téléphones de ses camarades d’infortune. Et cela a un coût : 500 francs Cfa. Ainsi va la vie dans ce qu’on appelle à Agadez les « ghettos ».